Ludvina aimait N. Elle l'aimait plus que tout au monde, il était sien, elle savait tout de lui et l'admirait dans toutes les situations, même quand il venait en jupe au bahut, les cils recouverts de mascara et se comportant de manière extrêmement féminine. Plus qu'elle ne pourrait jamais l'être. Après tout, c'était un de ses passe-temps. Tous les passe-temps de N était respectables, quoiqu'en disent les autres.

La décoration de sa chambre était consacrée à N. Elle ne laissait jamais personne y entrer, pas même son frère ou sa mère, de peur qu'on lui vole ses propriétés. Sur ses murs étaient postés d'innombrables photos de l'être aimé. Ses placards étaient remplis de portraits qu'elle avait fait de lui, en le rencontrant elle dessinait aussi bien qu'un enfant de maternel, mais il ne lui fallut pas longtemps pour réussir à le dessiner dans les moindres détails, à tel point que l'on pourrait croire qu'il s'agisse de photos. Elle avait même réussit à récupérer son cube et sa casquette, portant cette dernière pour dormir, la trouvant étrangement confortable.

Son regard ne quittait jamais N. En cours, dans les couloirs, allant même jusqu'à faire un immense détour pour faire le même trajet que lui matin et soir. Dans sa chambre elle regardait ses photos et tous ses rêves étaient de N. Des fois elle se surprenait à soupirer son nom sans raison apparente, un sourire se formant ensuite sur son visage alors qu'elle oubliait le monde autour d'elle, ne pensant qu'à lui. Elle ne pensait qu'à lui de toute façon. À ces moments là, ses amis la regardaient bizarrement mais elle s'en fichait, la seule chose qui l'importait était N. Ils commençaient à éviter d'être près d'elle, ou encore de N, de peur des conséquences. Elle les ignora, non sans être satisfaite que plus personne ne s'approchait de ce qui lui appartenait.

Mais Natural Harmonia Gropius vouait son amour à quelqu'un d'autre qu'elle. Quelque chose d'autre. Quelque chose qui lui paraissait pourtant si vide de sens. Quelque chose qu'elle avait toujours trouvé inutile, incompréhensible, de simples symboles.

Les équations.

Ludvina avait d'abord cru à une blague, aimer les équations semblait impossible, idiot même. Mais elle réalisa avec horreur que c'était vraiment le cas. Elle voyait la passion que leur vouait N, alors qu'il ne lui adressait pas un seul regard. Elle les enviait, les haïssait, voulait les anéantir, les éradiquer de ce monde. Mais c'était impossible.

Pourquoi avait-il fallu qu'il les aime elles ? Il n'aurait pas pu tomber sur le charme de quelque chose d'humain, ou encore matériel ? Quelque chose dont elle aurait pu se débarrasser ? Et pourquoi ne l'aimait-il pas elle ? Elle pourrait lui retourner son amour, elle pouvait même lui offrir un avenir ! Mais il continuait d'aimer les équations, ne portant aucune attention à tout l'amour qu'elle lui portait.

Elle avait d'abord essayé de s'en prendre aux équations, déchirant et brûlant plusieurs manuels, cahiers et autres mais ça ne servait à rien : Elles ne sentaient rien, elles n'étaient pas vivantes, elles étaient immatérielles, elles étaient partout. Le monde était composé d'équation, ça la rendait folle, elle ne voulait plus en voir, séchant ses cours de math, essayant d'oublier leur existence. À chaque fois que quelqu'un lui en parlait, elle faisait une crise, se faisant passer pour folle, elle ne supportait même plus les chiffres et avait du mal avec les lettres, en particulier x, le maudit.

Mais elle fini par se calmer, elle risquait de se faire emmener loin d'N si elle continuait. Elle ne voulait pas. Surtout pas. Ce serait perdre face aux équations, leur laisser sa raison de vivre. Elle ne le supporterait pas. Elle redevint donc la fille qu'elle était avant de rencontrer le garçon. Enfin, aux yeux des autres. N resterait sien.

La relation entre Pierre Rochard et May n'avait pas duré bien longtemps, ils durent rompre, causant ainsi un chagrin passager à la jeune fille. Mais elle le laissa partir, ne voulant que son bonheur. Ils restèrent amis et oublièrent rapidement ce passage de cette relation, continuant leurs vies tranquillement.

Mais le regard de Pierre était posé sur Brendan, l'un des amis de May et le "disciple" de son meilleur ami Marc. Le garçon l'intriguait, il avait beau avoir un voile d'arrogance, il était aimable et compréhensif, ce dont doutaient les autres.

Il avait fait sa connaissance grâce à Marc qui lui avait présentait fièrement en tant que "son magnifique Marc Junior". Le fait que Brendan ai été fier de ce titre l'avait amusé. Il l'avait ensuite vu à plusieurs reprises pendant sa relation avec May et avait remarqué que le garçon rougissait de plus en plus facilement en sa présence, il était gêné et devenait maladroit. Il s'absentait quand lui et May passaient en phase romantique, trouvant toujours une excuse à peu près potable. Il devait sûrement penser qu'il ne le remarquerait pas mais c'était pourtant le cas.

Brendan fut la principale raison pour laquelle il avait rompu avec May. Bien que ce soit involontaire, il avait fait changer les sentiments du plus âgé envers la demoiselle. Alors qu'il posait ses lèvres sur les siennes, il avait de plus en plus l'impression de faire quelque chose de mal, qu'il n'embrassait pas la bonne personne. May était devenue une petite sœur pour lui. Alors que Brendan commençait à hanter les pensées, attirant son regard sans même faire quelque chose pour.

Il n'eu pas le temps de le réaliser que les deux été déjà partit dans une relation, bien que celle-ci soit caché aux yeux de tous. Il se surprenait à l'embrasser alors que personne ne les voyait, le plus jeune lui répondant timidement d'abord avant de finalement s'y habituer. Il ne voulait quand même pas que leur relation soit sut publiquement, trouvant ce fait gênant. Ce qui fit que Peter dut marchander avec Marc pour qu'il ne répande pas la rumeur après les avoir surpris.

Matis aimait les femmes qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Tant qu'elles n'étaient pas en train de gueuler sans cesse. Il avait un malin plaisir à leur parler et elles étaient loin d'être bêtes en générale. Rah qu'il n'aimait pas les niaises, elles lui faisaient regretter de ne pas s'être jeté dans le No man's land pour éviter de les connaître.

Quand il vit madame Avril, il la prit pour une bonne poire jusqu'au jour où il dut se confronter à elle. Un jour mémorable à ses yeux. Il avait ensuite été prit d'affection pour la dame et ne manquait aucune occasion de la taquiner. Elle s'était vite prise au jeu, l'appréciant aussi dans le fond. Ils étaient devenus rivaux, puis complices, jusqu'à enfin se tomber dans les bras, se trouvant de nombreux point commun et partageant des avis similaires.

Ils n'en parlèrent même pas, le mariage se fit tout seul, la belle s'installant chez lui et les deux partageant un foyer.