Chapitre deux : uranium 235 + plutonium 239.[/b][/center]
Aujourd'hui était le vingt-troisième jour du mois de mars, et comme tous les ans, les élèves d'avant dernière année de Finale allaient devoir s'adonner à l'examen commun. Par chance, la pluie s'était arrêtée, car si cela avait continué, l'examen se serait vu reporter. Dans le ciel, le soleil laissait penser à une immense pépite d'or, irradiant cette douce matinée de printemps. Pour Sora, la journée commençait comme toutes les autres. Elle entreprit le rituel du matin, avant de rejoindre son ami Ren, qui l'attendait au croisement du chemin. Le garçon ne pouvait contenir son enthousiasme et son exaltation. C'est avec un sourire rayonnant que tout le long de la route, il se venta du merveilleux engin que sa binôme avait confectionné, et des idées qu'il avait eu pour rendre la création encore plus efficace. Il s'imaginait les événements de la journée en exultant. Sora souriait en l'écoutant, se rappelant qu'elle l'avait toujours connu ainsi, corps et âme plongés dans ce qu'il faisait, et elle espérait sincèrement que l'examen se déroulerait à merveille pour lui. Lorsqu'ils atteignirent l'établissement, il régnait une ambiance légère et festive. Des pancartes avaient été placé pour indiquer aux élèves ce qu'ils devaient faire. La matinée était réservée à l'examen des mini-avions, et l'après-midi à la course et ses préparatifs. Avant de pouvoir concourir, les professeurs vérifiaient que la base de l'engin avait été bien installée, et qu'il n'y avait pas de danger à le faire voler. Ainsi, certaines paires se faisaient recaler dès le début. Sora pria pour que cela n'arrive pas au sien.
Ren rejoignit directement sa binôme, déjà arrivée. C'était une jolie blonde nommée Nana, renommée dans toute l'école pour son physique avantageux que beaucoup de filles lui enviaient, Sora y comprit. Ren, en ayant la chance de tomber sur elle, avait fait nombre de jaloux. Toutefois, ce dernier ne semblait absolument pas voir sa binôme comme le reste de la gente masculine, et pas une fois il n'avait essayé de l'approcher autrement qu'en tant que partenaire. Sora, comme à son habitude, alla rejoindre le banc près du distributeur automatique. Elle s'y assit nonchalamment et sortit son téléphone de son sac pour vérifier l'heure qu'il était. Elle avait pris soin de le fixer, et espérait grandement qu'il ne se dérègle pas à nouveau, même si elle savait que c'était inévitable.
Elle espérait que Jin ne tarde pas trop. Pendant toute la semaine qui s'était écoulée précédemment, Sora s'était vue contrainte de travailler d'arrache-pied. Au milieu de tout leurs différents, ils avaient finit par réussir à trouver un moyen simple d'améliorer leur avion. Ils avaient introduit un deuxième moteur auquel ils avaient décidé de démultiplier les capacités. Au milieu de la course, Jin devra appuyer sur un bouton pour l'enclencher. Toute fois, comme cela usera beaucoup d'essence, ils avaient prévu des ailes en toiles inspirées de celles des voiliers, qui permettraient à l'avion de voler jusqu'à la ligne d'arrivée grâce à la vitesse prise au moment de l'accélération. C'était un concept très basique, mais qui avait l’avantage d'être maîtrisé par Sora.. Elle soupira, elle savait que certains avaient dû confectionner de véritables avions de chasse à leur binôme. Si elle se fichait totalement de ses résultats scolaires, elle savait pertinemment que cela comptait énormément pour Jin, et ne pouvait pas lui souhaiter la défaite. Et puis, après une semaine passée avec lui, même si elle le considérait toujours comme les plus imbus de lui-même et le plus exaspérant des garçons du monde, il n'avait certainement pas que des défauts. Elle s'était même surprise à apprécier sa présence, quelques fois. De plus, elle serait très insatisfaite si toutes ces heures de labeurs s'avéraient vaines. Quitte à cela, elle aurait autant préféré rester chez elle. Quoiqu'il en soit, elle se rassurait en se disant que lorsqu'elle rentrerait chez elle ce soir, tout serait enfin fini. La plus horrible étape de l'année serait conclue, elle pourrait reprendre son quotidien usuel, certes barbant mais lénifiant. Alors qu'elle repensait à tout les événements de la semaine précédente, elle entendit des pas retentirent dans le couloir. Elle tourna la tête et pu apercevoir son amie Runa, lui souriant et la saluant d'un signe de la main.
- Soraaaaa ! Comment tu vas ? demanda la rousse en s'asseyant sur le banc à son tour.
- Plutôt bien. Et toi ?
- Je suis heureuse que ça se finisse bientôt ! chantonna t-elle.
- Et moi donc ! s'exclama son amie.
- Je crois que j'ai vu ton binôme, tout à l'heure en passant dans la cour principale, l'informa t-elle en sortant un paquet de gâteaux de son sac.
- Ah... lui... soupira t-elle.
- Faudrait peut-être que t'ailles le voir, non ? Comme ça vous pourrez faire vos machins le plus tôt possible, dit-elle la bouche pleine.
- J'ai pas vraiment envie d'aller le voir, avoua Sora avec un air gêné.
- Pourquoi ? Parce qu'il est con ? Moi, j'aurai préféré l'avoir lui que la mienne...
- Ah bon ? s'étonna la jeune fille. Pourtant, je pensais qu'elle était sympa ! Qu'est-ce qui peut te faire préférer avoir un ingrat comme lui pour binôme ?
- ...Parce qu'il est beau, lâcha t-elle après une légère hésitation.
- Ah...je vois... Sérieusement, Runa, tu penses toujours comme ça ! s'exclama Sora en ricanant.
- Mais c'est pas juste ! J'ai l'impression que tous les beaux garçons sont dans les autres classes. Nous on a qui ? Roll ? Hillbert ?
- C'est vrai... acquiesça la jeune fille.
- C'est une des seules raisons qui pourraient me donner envie de travailler pour quitter la D3, dit Runa en reprenant un nouveau gâteau.
- A ce point ? Pas moi...
La rousse hocha la tête.
- Voyons voir... réfléchit Sora. Dans notre classe, y'a Kahan qui est pas trop mal, non ?
- Ça va... mais bon, bof, hein.
- En tout cas, si tu veux l'autre, je te l'offre directement, soupira la fille. Il est certes beau mais vraiment insupportable, j'aurais jamais cru en croiser un comme ça dans ma vie. Sinon, on a quoi à faire avant que les profs viennent examiner nos avions ?
On doit juste passer au hangar pour vérifier que tout est bien en place. On est pas obligés, il me semble, mais il vaut mieux le faire.
Le portable de Runa se mit à vibrer. Elle sortit l'objet de la poche de son blaser et lu le message qu'on lui avait envoyé avant d'annoncer :
- Ah ! C'est ma binôme ! Elle me dit qu'elle est arrivée, il va falloir que j'y aille ! Elle se leva et poursuivit : Bon courage, tu devrais y aller aussi !
- Merci. Je vais le faire, t'inquiète pas ! A tout à l'heure !
La rousse lui répondit par un signe de la main, et partit en sautillant. Sora la retrouvait parfaitement dans la conversation qu'elles venaient d'avoir. Insouciante, aimant parler de sujet légers dits "sans importance". Sora attendit que son amie ne disparaisse avant de décider de rejoindre Jin. S'il était dans la cour principale comme Runa lui avait dit, c'est qu'il devait sûrement être entrain de parler avec sa ribambelle d'amis. Cela la gênait un peu de se dire qu'elle allait devoir aller le chercher devant toutes ces personnes inconnues. Elle n'avait pas pour habitude de se rendre à la cour principale, car il y avait trop de monde, surtout lors des périodes froides.
Les élèves la surnommaient << cour principale >>, mais ce n'était en réalité qu'une sorte de grand hall fermé, la première pièce dans laquelle de l'imposant établissement dans laquelle on arrivait. Sora, qui se rapprochait de la salle, entendait le bruit des conversations qui fusaient de tous les côtés. Elle se retrouva face à la grande porte, et chercha Jin des yeux. Elle ne le trouva pas de premier abord, mais finit par l'apercevoir au bout de quelques instants. Comme elle l'avait prévu, il était au centre d'une discussion avec tous ses amis, s'esclaffant bruyamment. Elle avala sa salive, anxieuse, avant de se lancer : elle traversa la pièce et se placa près de son binôme, qui lui tournait le dos et que ne l'avait aucunement remarquée.
- Hum... Jin ? fit-elle d'une petite voix.
Le garçon ne l'entendit pas. Sora se répétât, avec un ton plus agacé.
- Jin !
Il ne la remarqua toujours pas, ce qui eu le de l'énerver. Elle décida de prendre le taureau par les cornes et agrippa l'uniforme du garçon en répétant son nom avec plus d'ardeur. Tous se retournèrent. Les amis de Jin la regardèrent avec des yeux ronds, se demandant de qui il pouvait bien s'agir.
- C'est toi, Sans-cerveau ? s'étonna le garçon. Il y a des manières plus polies pour se faire remarquer des gens, tu sais ?
- Je t'ai appelé poliment plusieurs fois, mais tu n'as pas répondu, lui répondit calmement Sora.
- Aish... J'ai pas dû t'entendre... Qu'est-ce que tu veux ?
- Dis, Jin, c'est qui cette fille ? demanda un garçon plutôt petit aux cheveux châtains.
- Ah oui, c'est vrai, je vous l'ai pas présentée ! Et bien, voici ma binôme, Sora ! Je la surnomme Sans-cerveau, ricana t-il.
La jeune fille, ne sachant quoi répondre, se contenta d'un léger signe de la tête.
- Elle est timide ! déclara Jin, pour expliquer le silence de son interlocutrice.
- C'est pas vrai ! rétorqua-t-elle.
- Alors, voici Kolg, celui qui a demandé qui tu étais, puis de droite à gauche, Avalto, Yard et Mike !
- C'est une naine ? ironisa celui que Jin avait présenté comme étant Mike.
Sora le fusilla du regard sans oser répliquer, et Jin ricana à la blague de son ami.
- Elle est toute petite, hein ? renchérit ce dernier en appuyant son coude sur le crâne de Sora.
- Jin, il faut qu'on aille au hangar pour vérifier si tout est en place, répondit-elle sèchement en se dégageant de lui.
- Ah ! Ca... C'est vrai que c'est mieux de le faire... Mais, attends, ça veut dire que tu t'inquiètes pour notre projet ? fit-il l'air malicieux.
- Tais toi juste et viiiiiens ! grogna t-elle en l'agrippant par le bras pour le faire bouger.
Sora s'en alla à toute vitesse, tirant Jin par l'avant-bras. Elle bouscula quelques personnes auxquelles elle ne fit que quelques vagues excuses. Sortie de la cour principale, elle lâcha son binôme, qui s'exclama :
- T'es si pressée ?!
- Plus vite ce sera fait, mieux je me porterais !
- Bla bla bla... Eheh, t'as pu rencontrer mon meilleur ami ! C'est avec lui que j'ai fait le pari ! dit-il sur un ton enjoué.
- Merveilleux, répliqua Sora sèchement. T'as les clefs ?
- Bien sûr que je les ai !
- Bien. On va où à partir de là, déjà ? J'arrive pas à me retrouver dans le bâtiment de combat... avoua Sora avec un petit sourire gêné.
- Toujours pas ? Ca fait une semaine que c'est le même chemin, pourtant ! ...T'as pas des problèmes d'orientation ? demanda t-il avec un air moqueur.
- On s'en fiche ! s'énerva la jeune fille en croisant les bras. C'est par où ?
- Par là ! dit-il en montrant le chemin du doigt.
Ils continuèrent de marcher en se taisant. Sora, se sentant embarrassée d'avoir dû traîner Jin ainsi au beau milieu de la cour principale, était devenue particulièrement irritable. Ce serait sûrement passé dans quelques instants, mais elle savait que pour le moment, il valait mieux qu'elle se taise plutôt qu'elle continue de mal répondre à son pauvre binôme. Lorsqu'ils se trouvèrent au sein de leur hangar, Sora ouvrit rapidement l'avion pour faire vérifications, certes inutiles car elle en avait déjà fait plusieurs, mais toujours rassurante. Elle souffla de soulagement en se disant que tout était réglementaire, puis referma le capot de l'engin avant de s'asseoir dessus. Elle se demanda ce que leur création allait bien pouvoir advenir lorsque la course serait finie. Le démonterait-on pour réutiliser les pièces ? Ou bien on le démolirait ? Elle réfléchit quelque instants avec un air songeur, avant d'annoncer à son partenaire :
- J'ai envie de faire un truc.
- Quoi donc ? l'interrogea t-il, intrigué.
- J'aime bien cet avion... confessa Sora.
- ...Et alors ? Qu'est-ce que tu veux faire ?
- Je vais graver mon nom dessus, déclara t-elle en allant chercher un tournevis dans la boîte à outils.
- Pourquoi tu veux faire ça ? demanda le garçon sur un ton ahuri.
- Je sais pas trop... Je m'y suis attachée.
- Tu t'es attachée à un avion ? ...Aish, t'es vraiment foutue, se moqua t-il.
Sora examina la machine pendant quelques secondes avant de s'exclamer :
- Je vais le graver sur l'aile !
La jeune fille commença alors à y incruster maladroitement son prénom à l'aide de la pointe du tournevis. Après avoir terminé, elle contempla son travail pendant un cour instant.
- On dirait l'écriture d'un maternel, conclut-elle.
- Attends ! Moi aussi je veux marquer mon prénom ! Ou on va croire que cet avion est plus à toi qu'à moi ! Protesta Jin.
Il arracha le tournevis des mains de sa binôme, cette dernière le regardant d'un air perplexe. Ne s'était-il pas moqué d'elle il y a à peine quelques minutes, lorsqu'elle avait annoncé son idée ? Il se mit à graver son prénom à son tour. En le voyant faire, Sora se conforma dans l'idée qu'elle avait eu de lui, quelques jours auparavant : c'était un enfant de trois ans, pas plus.
- Toi aussi, on dirait l'écriture d'un maternel, constat la jeune fille.
- Qu'est-ce que tu racontes ? C'est très bien comme ça ! affirma t-il fièrement.
- Comme tu veux...
- Dis, et si les inspecteurs le voient ? s'inquiéta t-il.
- Personnellement, c'est pas mon problème, mais je pense pas qu'ils le prendront en compte. Y'a rien de dangereux par rapport au fonctionnement. Ils trouveront juste ça ridicule, dit Sora en s'adossant contre le mur.
- Hé, mais, j'ai pas envie d'avoir l'air débile ! s'emporta t-il.
- T'avais qu'à pas marquer ton nom juste pour dire "cet avion est autant à moi qu'à elle", alors, répliqua Sora d'un air affligé.
- Aish... Je suis trop con, soupira t-il en passant une main dans ses cheveux.
- Bon, vu que tout est en règle, on y va ?
Elle tourna les talons sans attendre la réponse de son binôme. Alors qu'elle s’apprêtait à partir, ce dernier la retenu soudainement.
- Attend ! Tu sais, j'ai réfléchi à ce que t'as dit mardi !
- Vraiment ? s'étonna Sora avec un regard douteux.
Le garçon hocha la tête.
- Et qu'est-ce que tu en as déduis ?
- Que c'est hautement anti-gouvernemental et contre le Parti. Mon père est de la police politique, je pourrais te dénoncer. Mais je ne vais pas le faire.
- Ah oui ? Et que me vaut cet honneur ?
- Je dénonce pas mes amis, pas même les sans-cerveau.
Sora se raidit en entendant le mot << ami >>.
- Quoiqu'il en soit, poursuivit-il, tu ferais mieux de pas répéter ça à tout le monde, tu pourrais avoir des problèmes.
Elle hocha timidement la tête. Il s'installa un silence particulièrement inconfortable. Sora ne savait que faire. Elle avait été intimidée par l'appellation << d'amie >>, puis le conseil bien veillant l'avait achevée. << Je suis pathétique, pensa t-elle, ma vie sociale est un tel néant que je suis troublée lorsque l'on agit amicalement avec moi >>. Elle tenta de récupérer sa crédibilité en trouant le creux qui s'était installé dans la conversation.
- C'est tout ce que tu as à dire ?
- Non, répondit-il.
- Ah. Et qu'as-tu à dire d'autre...?
- Ben, tu peux dire que personne s'intéresse à la guerre et à la culture bidule machin , mais toi t'es pas mieux. T'as peut être tes idées mais tu restes passive. Est-ce que t'essayes seulement de faire quelque chose ?
- Est-ce que je peux seulement faire quelque chose ? objecta t-elle. Il faudrait directement s'en prendre à l'état et sa manière de gouverner ! - Pour y arriver, il faudrait qu'on soit des milliers, et je suis seule.
- Quelle bonne excuse. Moi, si je voulais vraiment quelque chose, même tout seul, je foncerai.
- Et tu crois quoi ? T'arriverai à rien !
- Et pourquoi pas ?
- Parce qu'une personne seule ne peut rien faire face à une organisation aussi puissante que le gouvernement ! Tenta t-elle de le raisonner avec agacement.
- Mais... En attendant t'essayes même pas !
- Rah, t'es vraiment ridicule ! Complètement !
- Et c'est moi qui suis ridicule ?! s’énerva t-il. C'est pas moi la débile de D3 asociale et désagréable, qui s'occupe de trucs inutiles dont tout le monde se fout !
Sora lui lança un regard stigmatisant, et s'en alla dans un élan de haine. Jin lâcha un soupire méprisant. La jeune fille fit le chemin du retour et alla s'asseoir sur le banc près du distributeur automatique. Dans son esprit, les paroles de Jin devenaient des lames acérées. << Il est stupide, de toute manière >>, se rassura-t-elle. Elle décida de penser à autre chose, et sortit un livre de son sac. Sora n'aimait pas les histoires qui se racontaient dans les romans, car d'après elle, elles se ressemblaient toutes. On parlait toujours d'un jeune héros de la nation vaillant et fort, s'en allant combattre les forces ennemies dites "anti-gouvernementales", qui finissait toujours par gagner pour montrer "l'exemple à suivre" aux jeunesses lectrices. Toutefois, l'écriture, la manière de faire sonner les mots ensemble, c'est ce qui la passionnait. Tout les livres pouvaient raconter la même histoire, tant que l'auteur serait différent, les mots s’assembleront en un récital singulier. La jeune fille se laissa porter par le courant des syllabes et par l'art du langage, plongeant son esprit dans l'océan majestueux qu'était la Littérature.
***
- Heeey ! Sora !
La jeune fille ôta ses yeux de son livre en sursaut. En face d'elle, son amie, Runa, semblait s'impatienter. Sora ne comprit pas, et regarda la rousse sans savoir que répondre.
- Dépêche toi ! Tu vas louper le début de la course !
- Le début de la course... mais, il est quelle heure ?! Demanda-t-elle les yeux ronds d'étonnement.
- Quatorze heures ! Sérieusement, ce truc est hypnotisant avec toi ! Dit-elle en lui prenant le livre des mains.
Sora n'en croyait pas ses yeux. Elle reprit le livre à son amie, et le rangea dans son sac avec hâte. Elle se leva du banc avant de se rendre compte d'un détail.
- Mais tu sais où c'est, au moins ?
- Tu vois un autre endroit que le gigantesque terrain avec une tour de plusieurs dizaines de mètres plantée au milieu qui permet de contrôler les bidules aériens pour une course d'avion ? Même en filière science, c'est quand même le genre de truc que tu peux pas rater.
- ...Te moques pas de moi.
- Allez, dépêche, ils y sont déjà tous !
Les deux filles s'engagèrent dans les couloirs à présent vides à toute vitesse. Arrivées au stade, elles gravirent les éternels escaliers qui menaient aux immenses plate-formes où se trouvait la foule. En effet, le stade étant réservé à l’aéronautique, au lieu de basiques gradins, on avait fait surélever de grandes plate-formes de manière à ce que l'on puisse voir ce qu'il se passait. Au centre du lieu de course, dominait une immense tour blanche, dans laquelle seulement les personnes autorisées pouvaient y rentrer. On l’appelait la "tour de contrôle", car c'était de là que le personnel vérifiait que tout se passait à merveille -ou non. Au sommet s'y dressait un grand écran où se trouveraient la photo, le nom et le numéro d'équipe des cinq candidats en tête. Au dessous de cet écran, il y avait une grande baie vitrée faisant tout le tour du bâtiment, qui permettait d'observer ce qu'il se passait, en plus des quelques caméras placées de manière à épier chacun des mouvements des candidats. Sora espérait voir Jin passer en tête du grand écran, même si elle savait qu'avec l'avion miteux qu'elle lui avait confectionné, ce serait difficile. Elle se demandait surtout si sa création était dans la norme et qu'on l'avait autorisé à concourir. Si elle avait vu le temps passer, elle aurait été demander.
L'écran s'alluma, laissant place au visage d'une femme que Sora ne reconnaissait pas, même si elle faisait certainement partie du corps enseignant de l'école. Elle annonça aux participants qu'ils pouvaient à présent s'avancer vers la ligne d'arrivée. Un tonnerre d'applaudissements et d'encouragements se fit entendre au moment où les avions sortirent du grand garage à la porte gigantesque, qui donnait directement vers le départ. Sora chercha celui de Jin du regard. Il était difficile d'arriver à voir un avion en particulier au beau milieu de tous ce tas d'engins. De plus, la plate-forme où se trouvaient Sora et Runa était trop mal placée. Elle finit néanmoins par l'apercevoir, et en fût grandement soulagée : ils allaient pouvoir concourir. La femme annonça les règles (même si tout le monde les connaissait déjà), sa voix amplifiée et retransmise par les micros plats qui se trouvaient tout autour de la tour. Puis le grand moment arriva.
Sur l'immense écran s'afficha le chiffre trois. La tension monta d'un cran.
Puis le chiffre deux. On entendit certains candidats commencer à faire chauffer leur moteur.
Le chiffre un. Tout le monde retint son souffle en attendant la seconde suivante.
Puis s'afficha le mot << PARTEZ >>, et tous les avions mirent les gaz sous un ouragan d'applaudissements et de cris.
De là où elle était, Sora n'arrivait pas à entendre ce que Runa lui disait, tellement les hurlements d'encouragement se faisaient forts et incessants. Les avions allaient à toute vitesse. Chacun des candidats souhaitaient gagner à tout prix. Pour cela, il fallait être le premier à finir trois fois le circuit du stade. Trente secondes après le début de la course, les candidats en tête s'affichèrent sur le grand écran. Il n'y avait pas de surprise, tous étaient des personnes que le tirage au sort avait sans le vouloir largement avantagé. On pouvait entendre le bruit des moteurs grondants, propulsant les avions à une vitesse folle, qui créaient des vagues de vent en passant vers le public éblouit. Les minutes passaient, et la plupart entamaient leur deuxième tour, alors que les premiers en étaient déjà à la moitié du troisième. La tension était palpable, car les deux candidats en tête étaient au coude à coude. L’effervescence des spectateurs redoubla. Tous assourdissaient Sora qui, n'arrivant pas à se prendre au jeu, commençait à se lasser de toute cette comédie. Seule au milieu de tout ce remue-ménage, elle décida de s'accouder tranquillement sur la barre de sécurité, en attendant la fin du spectacle.
Avant de se rendre compte qu'il n'y en aurait pas.
Un grondement assourdissent retentit dans le stade. L'esprit de Sora n'eu le temps que de quelques secondes pour réfléchir : une bombe, un attentat ! Il y eu un très court moment d'hésitation avant que plusieurs cris ne retentissent et que toutes les personnes présentes ne se mettent à courir. Un nuage de fumée embruma la tour de contrôle, alors que celle-ci se mit à dégringoler. Sora sentit l'étreinte de la main de Runa qui tirait son poignet pour fuir. Les cris de joie s'étaient transformés en hurlements d'horreur. La tour despotique s'effondrait avec toutes les personnes qu'elle contenait. Les énormes débris percutaient les avions dont les conducteurs étaient complètement affolés. Certains d'entre eux étaient déjà au sol, touchés par l'explosion même. Les spectateurs fuyaient. Tous se dirigeaient à toute allure vers la sortie bouchée par le monde. Des morceaux de tours heurtaient les plates-formes, et les gémissements se faisaient plus ardents.
Les adultes tentaient de crier aux élèves de garder leur calme, alors qu'eux même se ruaient vers la sortie. Les gens se rentraient dedans. Tous étaient aveuglés par la poussière qui, de sur-croix, les faisait tousser sans répit. Runa se frayait difficilement un chemin pendant que Sora la suivait désespérément, le poignet fermement serré dans la paume de son amie. Elle se retourna rapidement vers le stade, se demandant si Jin et Ren étaient toujours en vie à l'heure qu'il était. Elle eu envie de pleurer, mais le moment n'y était pas. Runa l’entraînait toujours au milieu de cette marrée de personnes affolés, et dans l'espace de ce qui fût quelques instants, elles se trouvaient face à la porte du stade.
Elles descendirent les escaliers qu'elles avaient déjà emprunté plus tôt à toute vitesse, et s'engagèrent dans les couloirs sans ralentir le pas, avant de débouler dans la cour principale. Elles se sentirent enfin en sécurité. Étrangement, elles n'avaient pas osé s'arrêter plus tôt, effrayées et chamboulées par les événements. Les deux jeunes filles échangèrent un regard troublé. Avaient-elles bien vécu ce à quoi elles venaient d'échapper ? Cela leur paraissait impossible. Ce genre de scénario, c'est celui qu'on voit aux informations, celui qu'on écoute à la radio ou qu'on lit dans de le journal, mais certainement pas celui que l'on s'imagine vivre un jour. Autour d'elles, les gens continuait d'arriver, ou pleuraient, restaient muets, tentaient de se rassurer... Sora et son amie continuèrent de se regarder pendant quelques secondes sans rien dire, le souffle coupé. Soudain, des larmes se mirent à perler sur les joues rouges d'épuisement de Runa. Sora, désemparée, se sentit pleurer à son tour. Elle contempla son amie, impuissante, avant que cette dernière ne s'accroupisse, cachant ses yeux et hurlant ses pleurs.
Le chaos.
Cela ne faisait que trois heures à peine que s'était produit l'explosion. Sora, toujours chamboulée par les événements, était allée se rincer le visage aux toilettes. Runa avait quant à elle préféré rester assise dans un coin de la cour principale à attendre. Elle contempla son reflet dans le miroir pendant quelques instants : ses yeux rougis par les larmes étaient tellement gonflés qu'ils lui donnaient un air de grenouille. L'idée de rejoindre Runa dans la cour principale lui parcourra l'esprit, mais rester cloîtrée dans cette pièce bondée de monde à l'ambiance funeste ne l’enchantait guère. Elle se doutait qu'au moment où elle pensait, tous devaient sangloter en espérant le retour saint et sauf de leurs proches. La jeune fille sortit des toilettes, et ne savant que faire, entreprit de vagabonder dans les couloirs. Elle se sentait comme une âme en peine, comme un fantôme avançant au milieu des allées sans but. Au détour d'un angle, elle aperçut la silhouette svelte et élancée de Nana, la jolie binôme de Ren. Sora pensait alors passer décrocher un mot, mais c'est avec surprise que la blonde l’interpella.
- Eh ! Yim Sora ?
La concernée se retourna brièvement avant de hocher la tête, le visage interrogatif. Elle ne se risqua pas de dire quoique ce soit qui pourrait la faire mal voir, impressionnée par le charisme que dégageait la personne qui se trouvait en face d'elle.
- Je suis la binôme de Ren, je me rendais à l'infirmerie pour voir si il va bien. Tu es proche de lui, n'est-ce pas ?
-O-...Ouais, balbutia t-elle les yeux rivés sur le sol.
- Tu veux m'accompagner ?
- Pourquoi pas... répondit-elle timidement en suivant Nana qui commençait déjà à reprendre son chemin vers l'infirmerie. Mais... dis moi, comment tu sais qu'on se connait ?
- A ton avis ? Demanda la blonde l'air déconcerté. Ren me l'a dit !
- Il te l'a dit ?! Il a vraiment osé te parler de moi ? s'étonna Sora.
- ...Pourquoi ne l'aurait-il pas fait ? Il m'a raconté que vous étiez voisins et que vous vous connaissiez depuis longtemps.
Sora n'en revint pas. Ren avait vraiment osé parler de leur amitié à quelqu'un ? Le même Ren qu'elle connaissait ? Un sentiment de joie l'envahit soudain, et si Ren avait était présent, elle l'aurait serré dans ses bras. Les couloirs qui menaient à l'infirmerie de la filière combat semblaient faire des kilomètres. Les deux jeunes filles passèrent devant les salles de classe, où l'on enseignait la méthode aux combattants, puis devant l'administration, où la secrétaire blafarde et léthargique feuilletait les pages d'un magazine féminin. Puis, arrivées tout au fond du bâtiment réservé à la filière de combat, elles se trouvèrent devant les portes de l'infirmerie. Une dizaine d'élèves étaient entassés devant, l'air soucieux. Elles poussèrent les portes battantes et pénétrèrent dans ce qui se trouvait être une petite salle d'attente. En effet, l'infirmerie de la filière de combat ne ressemblait en rien à celle qui se trouvait dans le bâtiment de la filière scientifique. A elle seule, elle formait une sorte de minuscule hôpital. Elle suffisait à donner des soins primaires, mais pour les cas les plus graves lorsqu'il y en avait, on les portait directement à l'hôpital de la ville. Les deux adolescentes allèrent rejoindre la queue qui faisait attendre devant le bureau des secrétaires, débordées par le monde et les appels des parents. En écoutant l'un d'entre eux, Sora sortit son portable de son sac.
- C'est bizarre que ma mère n'ai pas appelé... constata t-elle.
- Elle ne doit pas encore être au courant, expliqua Nana. Les parents qui appellent ont dû être prévenus d'une manière ou d'une autre... Par des amis de leurs enfants, peut être ?
Sora hocha les épaules en guise de réponse.
- Tu devrais peut être prévenir ta maman, tu crois pas ? Suggéra la blonde.
- Je l’appellerais quand on sera sorties de l'infirmerie. Toi, tu vas les appeler ?
- Qui ça ? Mes parents ?
- Oui.
- Je ne pense pas.
- Pourquoi ? Demanda Sora alors que la queue avançait.
- Je n'habite plus chez eux, expliqua t-elle en souriant.
- Vraiment ? S'étonna Sora.
- Oui, vraiment.
- Alors... où ? Osa la jeune fille.
- Dans un petit studio en ville, avec mon frère.
Comme Nana ne semblait pas avoir l'envie de donner plus d'information, Sora se tût. La queue continuait d'avancer, et en quelques minutes vint leur tour. La blonde d'approcha de la secrétaire et lui demanda si un certain Ren Makk était en bonne santé actuellement. Après avoir vérifié sur son ordinateur, la secrétaire leur informa qu'il allait bientôt sortir. Avec chance, il faisait partit des élèves classés en << Peu de dégâts physique >>, et qui avaient juste à passer un rapide contrôle pour s'assurer qu'il n'avait rien de grave. Nana poussa un soupir, rassurée. Les deux jeunes filles sortirent de la queue puis de l'infirmerie, et la blonde annonça à Sora qu'elle devait à présent retourner voir ses amis dans la cour principale, soucieuse de leur moral. Elle lui demanda de dire à Ren de passer la voir quand il sera sortit, et Sora acqueisca d'un signe de la tête. Elle regarda donc Nana s'en aller de sa démarche assurée, pendant qu'elle s'adossait contre le mur, au milieu de la dizaine d'autres élèves qu'elles avaient vus en arrivant. A chaque fois que les portes battantes s'ouvraient, les yeux se rivaient sur les personnes qui en sortaient, espérant voir passer un visage familier. On enviait ceux qui finissaient par voir arriver leurs proches, et on attendait son tour intensément. Plus par ennuie que par peur, car si on attendait son ami à l'infirmerie filière combat de l'école, c'est qu'il n'était pas mourant, sinon il aurait été transporter à l'hôpital. Toute fois, les mines déconfies donnaient l'impression d'assister à un enterrement. Sora espérait que la secrétaire avait raison, et qu'il ne tarderait pas à sortir. Elle dû attendre une vingtaine de minutes avant qu'il ne finisse par se pointer, un plâtre en écharpe au bras droit. Dès que Sora le vit, elle alla le rejoindre.
- Ah ! Tu es enfin là ! s'exclama la jeune fille.
- Oh ! Sora ?! S'étonna Ren. Tu m'attendais ?
- Oui, je t'ai attendu ici ! Déclara t-elle. Mais tu es blessé ! Tu vas bien, t'as pas trop mal ?
- Ca va ! J'ai évité une gros morceau de la tour de prés. Il était presque à moins d'un mètre de mon avion ! Expliqua t-il avec une pointe de fierté. J'ai eu de la chance de pas mourir.
- Mais comment tu t'es fait ça ?
- Bah en fait, un autre avion est rentré en collision avec le mien, et je me suis retrouvé expulsé contre une des parois à l'intérieur. Le choc a été assez brutal et j'ai voulu amortir avec les bras, et je me suis cassé l'un des deux !
- Tu as eu de la chance de n'avoir que ça ! répondit-elle en souriant. Je suis contente que tu sois saint et sauf, Ren !
- Et moi donc !
- En fait, ta binôme, Nana... Elle m'a dit qu'elle voulait que tu ailles la voir ! Elle m'a accompagné à l'infirmerie jusqu'à ce qu'on sache que tu ailles bien. Je suppose qu'elle s'inquiète.
- Ah bon ? Tu sais où elle est ?
- Elle m'a dit qu'elle allait retourner dans la cour principale. J'ai une amie que je dois aller rejoindre là-bas, alors je t'accompagne !
- Ok ! Accepta t-il d'un ton enjoué. Allons y !
Ren et Sora commencèrent à se diriger vers la cour principale. Le garçon racontait ses impressions quand à la bombe, et Sora l'écoutait, toujours impressionnée parce qu'il s'était passé. Quand ils arrivèrent, Runa accourra vers son amie, ne lui laissant même pas le temps de la rejoindre.
- SORA ! Je t'ai cherché !
- T'as l'air affolée, ça va pas ? demanda t-elle avec un air perplexe.
- Les portes ! Elles sont fermées !
- ...Hein ?
- On peut plus sortir de l'école, on est en huit-clos !
Ren et Sora échangèrent un regard troublé. Ils avancèrent jusque devant la sortie bloquée de l'école, où s'étalait une immense foule d'élèves ne demandant qu'à pouvoir retourner chez eux. Tous semblaient complètement déboussolés. D'abord une bombe, puis on les enfermait dans le bâtiment. L'atmosphère était écrasante, nul ne savait pourquoi tous ces événements cataclysmiques s'enchainaient. Si il y avait bien une journée où Sora n'aurait pas voulu se réveiller, à coup sûr, c'était celle-ci.
- C-...Comment ça se fait ? demanda Ren avec une voix tremblante.
- Personne ne sait ! répondit la rousse. On est tous bloqués ici mais personne ne sait pourquoi !
- C'est vraiment pas rassurant...
- Qu'est-ce qu'on essaye de nous faire...? murmura Sora, désarçonnée.
- Ca a sûrement un rapport avec la bombe, déduit Runa.
- Je pense aussi. Enfin ce serait plus logique... acquiesca Ren, l'air peu sûr.
- C'est... trop stressant. Je vais aller au banc vers le distributeur, ok ? dit la jeune fille aux cheveux châtains. J'ai besoin de décompresser.
- Ok...je comprends, répondit Ren.
- Moi aussi ! affirma la rousse avec un grand sourire. Va te reposer !
- Oh ! Et Ren, n'oublie pas d'aller voir Nana ! Ajouta Sora alors qu'elle commençait à s'en aller. Elle s'inquiète vraiment pour toi !
- T'en fais pas, je vais y aller ! Répondit-il.
- Bon, à tout à l'heure ! Je repasserai.
La jeune fille se rendit à l'endroit convenu. Elle avait besoin d'être tranquille pour décompresser face à la situation. Son esprit n'arrivait plus à supporter le chaos actuel. On ne connaissait même pas encore les noms de tous les morts que maintenant on fermait les portes et on ne laissait personne sortir. << Il se passe quelque chose, mais quoi ? >> se demanda Sora, épouvantée. Alors qu'elle allait s'asseoir sur le banc, elle remarqua qu'une silhouette familière s'y était déjà installée.
- ...Jin ? Fit-elle, hésitante.
Le garçon tourna faiblement la tête vers Sora.
- Hum ? Oh... pourquoi t'es là, toi ?
Les pigments de sa peau s'étaient chargés teintes bleutées, et son regard vitreux et rougeâtre criait une tristesse presque contagieuse. Sora fit mine de ne pas le remarquer, sachant son binôme trop fier pour admettre qu'il puisse faiblir, et préféra répondre à sa question de la manière la plus simple qu'il soit.
- Je viens souvent ici, tu sais, dit-elle en s'asseyant à côté de lui.
- Je vois, répondit-il froidement.
Déconcertée par le ton inexpressif de Jin, la jeune fille se tût. Il y eu un moment de silence pendant quelques secondes, avant que Sora ne décide de repasser à l'attaque.
- Je suis rassurée de voir que tu es vivant ! Déclara t-elle d'un ton chaleureux. Je me serais presque inquiétée, ironisa t-elle.
Ne semblant pas l'écouter, le garçon ne répondit qu'après une pause de quelques secondes.
- Je vois... ici, c'est un bon endroit pour réfléchir, hein ?
- Et bien... en fait, c'est assez déserté, donc, je pense que oui, lui répondit-elle en essayant de masquer que le fait qu'il ne l'écoute pas la vexe légèrement.
- Hum... Tu vois, la différence c'est que moi je viens vraiment pour réfléchir, alors que toi c'est juste parce que t'as pas d'amis à aller dans la cour principale, fit-il avec un léger sourire.
- Hey ! Je te permets pas de me dire ça ! Rétorqua-t-elle, indignée et à la fois surprise de voir un peu de lumière dans l'expression de son binôme.
- Aish... Je dis ce que je veux, soupira le garçon en s'ébouriffant les cheveux.
Puis le silence s'installa à nouveau. Sora pu apercevoir les traits de Jin reprendre leur forme abattue. Même après une semaine entière passée avec lui, elle ne l'avait jamais vu comme ça. Elle l'observa attentivement, comme pour capter ses pensées. Elle le connaissait sous l'image d'un garçon joueur, trop fier de lui, voir insupportable et plutôt insouciant, toujours son grand sourire effronté collé au visage. Une telle mine sérieuse ne lui correspondait vraiment pas.
- Je peux savoir ce qu'il se passe ? demanda t-elle. C'est à cause des événements qui se sont déroulés aujourd'hui ?
- Il ne se passe rien, répliqua t-il du tac au tac.
- T'as une tête de cadavre, dit-elle d'un air grave.
Il la toisa d'un air furieux et elle se ravisa. Elle s'en voulu légèrement. Evidemment qu'il allait mal, il venait d'échapper à une bombe et, quelques heures plus tard, on l'enfermait.
- Oui, enfin, en y réfléchissant, c'est plutôt logique que tu ne sois pas en forme... fit-elle d'un ton gêné.
Jin soupira longuement puis pris la parole d'une manière robotique, sans laisser transparaître aucune émotion.
- Tu sais, Kolg, l'ami dont je t'avais parlé et tout ça...
- Oui, je vois de qui tu parles.
- Il est mort.
Le sang de Sora ne fit qu'un tour. Elle ne connaissait pas ce garçon et ne l'avait vu qu'une seule fois de toute sa vie, mais cette funeste nouvelle lui rappelait brusquement que des personnes étaient réellement mortes. La réalité était aussi dure qu'on la décrivait. Elle continuait de vivre et s'inquiéter de qand elle pourrait rentrer chez elle, mais des gens dont elle avait sûrement croisé la route dans les couloirs étaient à présent enfouis sous les décombres de l'immense tour. Ce matin Kolg vivait, plaisantait avec son groupe d'amis turbulents, et maintenant il était mort. Pour de bon.
- ...Je... je sais pas vraiment quoi répondre, fit-elle, hésitante. Désolée...
- J'ai eu de la chance, expliqua le garçon dans un rictus figé. La bombe a sûrement été programmée pour exploser au moment où il y aurait le plus de candidats arrivés vers l'endroit précis de la tour où elle a été posée, vu que c'est ce qu'elle a fait... Ton avion était tellement nul et lent que j'étais exactement à l'opposé.
Il ferma les yeux, comme pour se remémorer la scène puis poursuivit :
- Il a fallut que j'évite les morceaux de la tour qui s'effondrait, mais si j'avais été à la même vitesse que les autres, j'aurais eu beaucoup moins de chances de survivre. Dans un sens, je peux te remercier, toi et ta débilité.
La jeune fille tenta de sourire légèrement.
- Kolg n'aura pas eu cette chance... continua le garçon. Je l'ai vu de mes propres yeux. J'étais entrain de sauver ma vie en naviguant entre les lambeaux de la tour quand j'ai reconnu son avion. Il faisait n'importe quoi, il allait dans tout les sens. Puis ensuite j'ai vu un gros morceau du haut de la tour s'écraser directement sur son avion. Alors j'ai hurlé et j'ai faillit paniquer, mais j'ai je me suis vite repris pour réussir à survivre.
Sora hésita un moment avant de répondre.
- Je me demande combien de personnes sont mortes là-bas... dit-elle en fixant le sol.
- Trop.
- D'après toi... c'est qui, qui a fait ça ?
- L'armée ennemie ? C'est ce qu'il me paraît le plus logique.
- Je vais avoir l'air pénible, mais à chaque fois qu'on revient à ça, je peux pas m'empêcher de me demander qui est cette armée ennemie, soupira t-elle. On nous éduque pas de manière à être curieux.
- Je confirme, tu es pénible. Personne ne se pose de questions, arrête de te prendre la tête avec des trucs pareils ! L'ennemi c'est l'ennemi.
- Ca me tracasse, j'y peux rien ! S'exclama t-elle. Surtout dans une telle situation. Et puis même toi, là, t'as pas envie de savoir qui sont les responsables de la mort de ton ami ? Et puis, surtout, où t'iras l'an prochain ?
- On est tous dans le même pétrin, on attend de voir.
- Ca m'énerve.
- C'est comme ça, soupira t-il. En attendant, ça doit être l'heure de la sortie des cours, et avec tout ce qu'on a vécu, j'ai envie de rentrer chez moi. Et surtout passer voir la famille de Kolg pour les soutenir.
Jin se leva et s'étira.
- Rentrer chez toi ? Demanda Sora, interloquée. Mais t'es pas encore au courant ?
- Hein ? De quoi ? Je suis ici depuis pas mal de temps, je te rappelle.
- Et bien figure toi que les portes de l'école sont fermées, on est bloqués ici.
- Quoi ?! S'exclama le garçon, médusé. Tu te fous de moi, Sans-cerveau ? Pourquoi on ferait ça ? C'est ridicule, comme blague.
- Personne ne sait, mais je raconte pas de connerie, je suis sérieuse ! Répliqua t-elle, agacée.
- Mais c'est pas possible, je veux sortir d'ici ! S’énerva le garçon.
- Et tu vas faire quoi ? Essayer de défoncer la porte avec la force incroyable dont tu te ventes tant ? Je doute que ton mécontentement fasse quoique ce soit, même si tu fais un gros caprice, ironisa Sora.
- Aish... soupira Jin en passant une main dans ses cheveux de manière colérique. Pourquoi on nous fait ça ?! J'en ai ma claque ! Je retourne à la cour principale.
- Attend ! L'interrompit Sora. Je t'accompagne ! Je vais retourner voir mes amis.
- Des amis ? Toi ? Se moqua Jin.
- Rah ! Comment tu peux arriver à être aussi pénible même dans un moment pareil ?! Ragea la jeune fille.
- Tu l'es autant que moi, déclara t-il en se mettant en route.
- Moi ?! C'est la meilleure ! Rétorqua t-elle en le suivant. J'ai rien fait, moi ! C'est toi qui arrête pas de me chercher depuis une semaine !
- En même temps ça me saoule, comment tu veux que je sois pas chiant alors que je tombe avec une débile de D3 ?!
- Je suis pas débile.
- T'es débile. Doublée d'une gamine bizarre sans ami et complètement inutile.
- Tu es détestable, Jin Yiran, répondit-elle sèchement en croisant les bras.
- Ah bon ? Demanda-t-il d'un air léger. C'est pas mon problème, tu penses ce que tu veux. Tout le mode s'en fout.
Ils arrivèrent dans la cour principale, où l'ambiance chaotique restait inchangée. Ils eurent l'occasion de remarquer qu'étrangement, la quasi totalité des élèves étaient focalisés sur leurs écrans de téléphones portables. Sora et Jin, malgré leur différent, ne purent s'empêcher d'échanger un regard interrogatif. La jeune fille se mit en quête de chercher son amie rousse du regard, qui saurait certainement lui donner des explications, mais cette dernière vint à sa rencontre avant qu'elle n'ait le temps de la trouver.
- Sora ! Tu es là ! S'exclama t-elle. J'étais sur le point d'aller te chercher !
- Ah, Runa ! Qu'est-ce qu'il se passe, ici ? Pourquoi tous les gens sont soudainement tous passionnés par leurs téléphones ?
- A cause des informations ! Regardez l'article qui a été mis en ligne !
Elle leur passa son téléphone pour qu'ils puissent lire. C'était un article qui avait été mit en ligne sur un site relayeur d'actualités connu de tous. Dans les premières lignes, on pouvait lire : << Aujourd'hui, l'armée ennemi a profité de l'examen commun pour nous produire un bien triste spectacle. En effet, dans toutes les écoles qui faisaient passer cet examen, des bombes ont explosé, provoquant en tout plusieurs milliers de blessés et des centaines de morts >>. Leurs cœurs bondirent. Leur école n'avait pas été la seule cible touchées. Tout les établissements où l'examen commun avait eu lieu avaient été victimes d'attentats. Sora ne pu s'empêcher de penser que << encore une fois, on nous explique rien, on médiatise juste l'événement sans profondeur >>, toute fois elle passa outre, le sentiment de choc écrasant tout les autres. Il y en avait eu, des attentats, ces dernières années. Des dizaines. Mais un énorme coup groupé comme celui-ci, c'était de la folie !
- Si je trouve le gars qui a manigancé tout ça, je le tue ! s'exclama Jin.
- J'en ai marre... fit Sora d'un air maladif. C'est pas pour nous, la guerre, on est trop jeunes. On devrait pas faire ça, je comprends pas...
- Sans-cerveau, reprend toi.
Soudain, on vit Roll, le petit gros de la D3, passer la porte de la cour principale en courant, le visage tordu par la peur. Il traversa toute la salle pour aller s'asseoir dans un coin isolé de la salle, en se recroquevillant sur lui même. Intriguées par l'attitude de leur camarade de classe, Runa et Sora décidèrent d'aller à sa rencontre. Jin leur emboîta le pas.
- Roll... tu vas bien ? demanda la rousse en s'accroupissant face à la lui.
- Runa... c'est toi... constata le garçon.
- Tu as l'air affolé, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
- Je... je traînais dans les couloirs, comme ça, tranquillement... A un moment, j'ai entendu des gars parler. Ils parlaient de trucs bizarres, alors, par réflexe, je me suis caché derrière un mur pour écoutaient ce qu'ils disaient... avoua t-il en passant une main derrière sa nuque, gêné. Vous allez dire de moi que je suis un fouineur, pas vrai ?
- On s'en fiche, répondit Runa. Ils disaient quoi ?
- Y'en avait un... il faisait un sorte de rapport. Ils parlaient de l'attentat. Le gars expliquait que de ce qu'il avait déduit, la bombe aurait été posée seulement ce matin. Ensuite, un autre a dit << qu'il fallait continuer les recherches >> .
- Tu as vu qui c'était ?
- Des soldats de notre armée ! J'ai reconnu les uniformes !
- Eh ? Y'a un des mecs de l'armée ici ? S'étonna Jin.
- C'est bizarre, aucun rumeur ne circule à ce sujet... songea Runa. Personne n'a dû les croiser à part toi, Roll...
- Ben je souhaite pas aux autres de les voir ! Ils m'on fait flipper ! En les entendant parler de tout ces trucs, j'ai paniqué et là ils m'ont chopé. L'un d'entre eux m'a pourchassé et m'a plaqué au sol !
- Vraiment ? Fit Runa l'air stupéfait.
- Ouais, vraiment ! Confirma Roll. Puis le gars qui était sur moi a dit un truc genre << c'est qu'un simple gamin >>. Et ils m'ont laissé filer. Mais j'ai vraiment eu peur, un des gars, celui qui commandait les autres, m'a dit que si il me revoyait dans les parages, il n'hésiterait pas à me flinguer !
- Un gars de NOTRE armée ? Demanda Jin d'un ton incrédule.
- Je vous promets que j'ai raison !
- C'est plutôt flippant... dit Runa en se relevant.
Sora allait soupirer lorsqu'une voix masculine les interrompit en criant presque :
- Jin !
Sora reconnu aussi tôt Mike, le garçon qui l'avait aimablement traiter de naine quelques heures pluss tôt. Il ne semblait pas être blessé, et se trouvait aux côtés d'un autre garçon, Avalto, qui lui avait un bandeau au visage et un plâtre à la jambe. Leurs mines maladives trahissaient leurs sentiments.
- Vous êtes passés à l'infirmerie ? Demanda Jin de la manière la plus neutre qui soit.
Les deux garçons hochèrent la tête.
- Vous savez que Yard est à l'hôpital ?
Ils répétèrent leur geste.
- Vous êtes au courant pour Kolg ?
Le menton de Mike trembla, alors qu'Avalto cacha son visage entre ses mains. Mike réussit à contenir ses larmes et répondit simplement << Oui >>. Jin soupira longuement en fermant les yeux avant de jeter rapidement un << Je dois y aller >>, et de partir en compagnie de ses amis. Sora et Runa les regardèrent s'en aller. Puis la rousse regarda son amie, un essai de sourire au visage.
- Je vais rester avec Roll, le temps qu'il se remette de ce qu'il a vécu. Retourne au distributeur pour te changer les idées. Lis un livre, dors, fais ce que tu veux, je reviendrais te chercher plus tard !
- Tu es vraiment gentille, Runa. On dirait que tu es la maman de tout le monde, dit Sora en souriant.
- Tu crois ? Demanda-t-elle l'air gêné. C'est gentil... Merci.
Sora lui sourit de plus belle et obéit aux conseils de son amie. Elle retourna vers le couloir ouvert où s'y trouvait le distributeur automatique et le banc où elle venait toujours s'installer. Elle s'y assit comme elle en avait l'habitude. Elle resta là, sans bouger. Le yeux braqués dans le vide, elle ruminait les événements de la journée. Elle se sentait chanceuse dans son malheur, car elle était ressortie indemne du chaos qu'avait créé la bombe, et elle n'avait perdu personne d'important à ses yeux. Elle repensa à Jin et ses amis, leurs traits anéantis. Elle se projeta le moment où les parents de Kolg apprendrait le décès de leur fils. Elle ferma les yeux, puis se rendit compte qu'elle avait soif, et se leva avant de se diriger face à distributeur. Elle introduit une pièce dans la fente prévue à cet effet et récupéra sa boisson. Elle passa la canette mouillée et fraîche sur son front, puis s'adossa contre le mur en soupirant. Elle ouvrit les canette et en but une gorgée en plissant les yeux, les bulles de gaz picotant sa langue. Elle réfléchit à ce que Roll avait raconté. Une petite poignée de soldats étaient en ce moment même en mission dans l'école où elle se trouvait enfermée. Elle trouvait ça effrayant et à la fois, étonnement, assez excitant. De plus, si ils étaient soldats, ils devaient tout savoir sur la guerre. Une fois de plus, elle s'interrogeait sur le monde. Pas seulement sur la guerre, mais aussi sur le passé. La période de glaciation, comment en étaient-ils arrivés là... Elle pensa à son grand frère, Nilo. Lui aussi, il devait tout savoir au sujet de la guerre. Elle alla s'allonger sur le banc et posa sa canette par terre. Elle se demanda si il respirait toujours à l'heure qu'il était. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues, alors elle ferma les yeux, comme pour les retenir. Elle renifla plusieurs fois, et passa une main sur son visage pour le sécher. Peu à peu, sans qu'elle ne s'en rende compte, le sommeil commença à l'envahir, et elle s'endormie.
***
Sora se réveilla quelques heures après s'être assoupie. Elle s'étirât longuement avant de reprendre totalement ses esprits. Lorsqu'elle tourna la tête, elle pu remarquer avec surprise que son binôme était une fois de plus assis à côté d'elle sur le banc près du distributeur.
Jin ?! s'étonna t-elle. Qu'est-ce que tu fais encore ici ?
Ah, enfin! C'est que j'ai attendu longtemps avant que tu ne te réveilles ! Tu m'expliques comment tu fais pour t'endormir n'importe où comme ça ?
Répond à ma question.
Et bien, en fait... j'avais un truc important à te dire, avoua le garçon.
Ah, vraiment ? interrogea t-elle avec un air intrigué.
Tu sais, j'ai pu parler à mes amis... je suis le seul à n'avoir rien eu. L'un d'entre eux a un bras et la jambe droite plâtrés, un autre a été transpercé par les morceaux de verre de son pare-brise, et un est toujours hospitalisé. Et puis, il y a Kolg...
Sora regarda le seul, ne sachant que répondre face à ça. Voyant que sa binôme ne disait rien, Jin poursuivit :
Enfin, Mike a rien eu lui non plus. Mais bon, ça compte pas, lui.
Pourquoi ? demanda Sora, interloquée
Il est en filière scientifique. Donc dans les gradins au moment de l'explosion.
Cette nouvelle étonna Sora, elle était pourtant sûre que tous les amis de Jin était en en combat.
- Quoiqu'il en soit, je suis vraiment désolée pour toi et tes amis, Jin. Tout ça a vraiment été très violent... Personne ne se doutait qu'une telle chose arriverait !
Il y eu un court moment de silence, pendant lequel Jin semblat perdu dans ses pensées. L'expression de son visage trahissaient à nouveau ses sentiments, il peinait à prendre sur lui. Toute fois, même si il voulut pleurer à ce moment, ses yeux rougis ne firent pas couler de larmes et ses joues restèrent sèches. Trop fier pour qu'il laisse Sora le voir faiblir de son plein grès, au moment où il reprit la parole, il ne ne la regarda même pas.
- Dis, tu sais, tu dis que tu aimerais découvrir la vérité...
- Oui ?
- Je me venger.
- Te venger ? demanda t-elle en plissant les yeux. Désolée, mais c'est pas un peu stupide ? Et c'est quoi le rapport ?
- Le rapport, c'est que je veux faire payer ses actes à l'armée ennemie. Mais surtout à celui qui a manigancé toute cette histoire. Si on arrive à connaitre la vérité, on saura qui c'est, n'est-ce pas ?
- C'est débile et puéril, Jin ! s'énerva Sora.
- Trouve ça puéril ou débile si tu veux, ce sera pas ton problème, ça. Je veux venger l'âme de Kolg et les blessures de mes amis. Toi tu veux connaitre la vérité. Rebellons nous ! Décelons tout les mystères !
- A deux ?! Mais t'es vraiment fou ! Tu veux te faire emprisonner ?!
- Tu commences à me connaitre, nan ? Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, personne ne m'aura ! s'exclama t-il avec un grand sourire.
- Je peux pas marcher dans un plan pareil.
- T'inquiète pas ! Si t'es avec moi, tu seras en sécurité aussi ! insista Jin.
- C'est du n'importe quoi ! J'arrive même pas à croire que tu sois sérieux ! J'hallucine !
- Je suis d'accord, dit une voix à l'arrière.
Ils sursautèrent tous les deux se retournèrent pour voir de qui il s'agissait. Sora pu tout de suite reconnaître son ami Ren. Jin était ami avec Ren, ils s'étaient rencontrés aux entraînements supplémentaires le soir. Il se demandait pourquoi il intervenait comme ça, dans une conversation qui ne le regardait apparemment pas.
- Ren ? T'es ici depuis longtemps ? demanda Sora.
- Assez pour entendre vos projets, avoua t-il. A la base, je venais pour prendre de tes nouvelles...
- Attendez, vous vous connaissez ? interrogea Jin le regard perturbé.
- P-... pas tant que ça, tu sais, hein... bafouilla t-il.
- Pas tant que ça ? Marmonna Sora, vexée.
- Vous pouvez pas faire ça ! s'exclama Ren. Vous allez vous tuer !
- Aish... pourquoi vous êtes tous si stressés ? râla Jin. C'est pas si dangereux que ça, enfin !
- Bien sûr que si c'est dangereux ! protesta t-il.
- C'est vrai, Jin, confirma Sora. C'est très dangereux. Si on commence à fouiner là où le gouvernement veut pas, on risque de se faire dégommer.
- On aura qu'à pas se faire remarquer, alors !
- Mais t'es complètement inconscient !
- Heeeeeey Sora ! s'exclama Runa en déboulant de le couloir.
Le trio la dévisagea.
- Oh ! Tu es venue me chercher, Runa... fit Sora l'air gêné.
- C'est qui, elle, déjà...? demanda Ren.
- Je suis la meilleure amie de Yim Sora, la fille assise sur le banc, juste là ! annonça t-elle fièrement.
- Sa quoi...? s'offusqua le garçon.
- Bref peu impoooorte ! Fit Runa légèrement.Venez voir ! Le principal va faire une annonce dans la cour principale ! Ils ont commencé à installer un micro et tout !
- Qu'est-ce que va bien pouvoir dire l'autre gros, à votre avis ? railla Jin.
- Personnellement, j'en sais rien, mais n'importe quelle information me fera du bien dans une telle situation, dit Sora.
- Bon, 'faudrait peut être se dépêcher mes petits ! Les pressa Runa en sautillant.
Tous se dirigèrent vers la cour principale. Comme prévu, le directeur s'y trouvait, attendant que les professeurs ne trouvent une prise pour brancher son micro. Ils finirent par en repérer une tout au fond de la pièce, cachée par un groupe d'élèves. Sora, Jin, Ren et Runa se dirigèrent vers un mur pour s'y adosser, pendant que le directeur testait le micro. Une fois certain que tout marchait parfaitement, il commença son annonce.
- Chers élèves, en tant que proviseur, je tiens à présenter mes plus plates excuses, ainsi que mes condoléances aux plus malchanceux de chacun de vous, et bien évidement à vos familles. Tout le corps enseignant et moi même ne pourrons jamais assez nous excuser pour ce qu'il vient d'arriver au seins de notre établissement. Si vous êtes présents en ce moment, c'est que vous n'avez rien ou juste des blessures superficielles. Nous sommes tous très heureux et rassurés de voir que vous allez bien. Je dois aussi vous informer quand aux portes fermées de l'école. En effet, pour des raisons de sécurité, vous ne pourrez rentrer chez vous seulement demain à midi. Vous passerez donc la nuit à l'école. Nous vous distribuerons de quoi dormir à peu près correctement, en espérant que toute cette situation s'arrangera rapidement. Sur ce, vous pouvez disposer.
L'homme conclut et s'en alla rapidement, laissant derrière lui un immense brouhaha d'élèves indignés.
- Il avait l'air tellement émotif, ironisa Ren.
- J'y crois pas ! Râla Jin. On va devoir dormir là ! C'est du n'importe quoi !
- C'était à prévoir, fit Sora.
- Aish ! J'en ai marre ! grogna t-il en s'ébouriffant.
L'ambiance chaotique ne semblait pas vouloir quitter la cour principale. On braillait de tout les côtés, le fait de devoir dormir à l'école n'enchantait personne. La proviseur adjointe, une vielle femme aigrie à la mine rigide, s’avança vers le micro pendant qu'une dizaine d'autres enseignants de filières diverses apportaient des brouettes de couvertures et d'oreillers. Tous les yeux se rivèrent vers eux, et les cris se transformèrent en murmures.
- Chers élèves... commença la proviseur adjoint. Comme vous ne serez aptes à rentrer chez vous que demain midi... nous avons essayé de vous trouver de quoi dormir le plus confortablement possible au seins de l'internat. Pour des raisons de sécurité, vous n'aurez pas le droit de vous installer ailleurs que dans là où nous nous trouvons, c'est à dire la cour principale. Vous vous mêtterez en rang, et nous distribuerons à chacun un couverture et un oreiller. S'il vous plaît, ne soyez pas égoïstes et ne prenez qu'une couverture et qu'un oreiller par personne. Nous espérons que vous passerez la meilleure nuit possible.
La femme se retira, et les plaintes fusèrent à nouveau.
- Quelle horreeeeur ! Se plaignit Runa. On va devoir dormir tous collés, en uniforme sans même pouvoir se brosser les deeents !
- Mais dites, ils nous ont pas fournis de repas ? remarqua Jin.
- Il faut croire que non, répondit Ren.
- Aish... Ca craint ! ragea le jeune homme.
- Je pense qu'on devrait aller faire la queue maintenant, y'a du monde et les premiers arrivés seront les premiers servis, conseilla Sora.
Les trois autres acqueiscèrent. Pour Sora, le fait de devoir dormir dans de telles conditions ne la dérangeait absolument pas, sa flemmardise immense lui avait apprit à s'endormir n'importe où et n'importe comment. Elle attendait dans la file, juste derrière Ren. Lorsque son tour arriva, on lui distribua une couverture et un oreiller, puis elle alla se trouver une place, juste à côté de Runa. Ren et Jin étaient repartis rejoindre leurs amis respectifs. Elle enleva ses chaussures puis s'assit sur la couverture en même temps qu'elle sortait son portable de la poche de son blaser. Elle sursauta lorsqu'elle se rendit compte face aux multiples appels manqués de sa mère, qu'elle avait oublié de prévenir cette dernière. Elle décida de lui envoyer un message où elle tentait de la rassurer du mieux qu'elle pouvait.
<< Salut Maman,
Ne t'inquiète pas, je vais bien. Les informations ont dû parler de la bombe qui a explosé aujourd'hui. Je n'ai pas été touchée. Je n'ai absolument rien. J'ai juste eu très peur au moment où j'ai vu la tour de contrôle dégringoler.
On est obligés de rester ici, je ne sais pas vraiment pourquoi. Enfin voilà, je vais passer la nuit à l'école, avec ma copine Runa. On sera autorisés à ressortir demain, à midi.
Encore une fois, ne t'en fais pas pour moi, je fais partie des personnes qui s'en sont le mieux sorties. >>
Elle éteignit son portable et s'alongea contre le sol dur et froid, espérant que son corps le réchauffe le plus vite possible. Elle resta les yeux ouverts, perdue dans ses pensées, elle avait du mal à se rendre compte de ce qu'elle était entrain de vivre. A côté, Runa lisait un magazine qu'elle avait sortit de son sac de cours.
- Bon ben... cette nuit va être rock n' roll, fit la rousse en refermant sa revue.
- Ren est partit voir ses autres amis ? demanda la jeune fille, même si elle connaissait déjà la réponse.
- Ouais ! Il nous a vraiment snobé, il a fait comme si il nous connaissait pas !
- Il est pas si méchant, tu sais... dit Sora avec un léger sourire.
- Ouais, m'enfin...
- Et Jin ?
- Je suis au rang juste derrière vous ! annonça le garçon en faisant sursauter Sora.
- E-EH ! Tu m'as fait peur !
- Regarde ! Fit-il fièrement. Comme ça je peux surveiller Avalto et Mike, et toi aussi !
- Me... surveiller ?
- Franchement, mec, j'pense pas avoir besoin que tu me surveilles, lâcha Mike.
- On est grands, tu sais, renchérit Avalto.
- Rah ! La ferme, vous deux ! ragea Jin en enfonçant sa tête dans son oreiller.
- TAISEZ VOOOUS ! hurla monsieur Elbarto -le professeur de combat auquel Sora avait eu affaire lors de son rendez-vous- dans un mégaphone, interrompant toutes les conversations en court. Maintenant que vous avez tous ce qu'il vous faut, on éteint les lumières. ET VOUS AVEZ INTÉRÊT A PIONCER !
Impressionnés par l'autorité de l'homme, tous les élèves se turent qu'un coup. Aucun n'osa protester. Aussi, au moment où les lumières de la cour principale furent éteintes, tous tentèrent de trouver le sommeil tant bien que mal. Toute fois, malgré les conditions auxquelles ils faisaient face, les événements du jour avaient été tellement éprouvants qu'il ne fallut pas longtemps à la plupart pour s'endormir.
***
- Sora... Sora...
La jeune fille se réveilla doucement. Il faisait encore complètement nuit, et Jin lui fit signe de se taire directement dès qu'elle eu les yeux ouverts. Elle bailla longuement et se frotta les yeux. Elle se demandait pourquoi il la réveillait à une telle heure, et le regarda d'un air d'incompréhension.
Tu te souviens de ce que je t'ai dit cet après midi ? Par rapport au fait que je veux me venger, chuchota t-il.
Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me parles de ça maintenant ?
On commence tout de suite.
Hein ? On commence quoi ?
T'inquiète pas, j'ai un plan ! On va aller explorer un peu l'école !
Note de fin: Alors voilà, je m'attendais à ce que l'histoire démarre un peu plus que ça avec le deuxième chapitre... Mais à croire que y'a trop de choses à écrire, bcoz, je suis un peu déçue, vu que ça traine encore ! Ca sera sûrement mieux dans le troisième chapitre. *comment s'excuser de ces deux premiers chapitres nazes*