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 Etoile Argentée

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Mayumi
Golden Shipper
MayumiGolden Shipper


Féminin Messages : 1743
Localisation : ERO-INUUUUU

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MessageSujet: Etoile Argentée   Etoile Argentée Icon_minitime1Mar 2 Juil 2013 - 15:50

JJANG



Titre :

Etoile Argentée (c'est un titre provisoire, bcoz j'ai pas d'idée)

Genre :

Normalement c'est de la science fiction.


Auteur :

I, ME, MYSELF, THE GLORIOUS


Rating

Je sais pas vraiment. Y'aura certainement des passages de violence et tout ! Peut etre R13... je sais vraiment pas. Mais ça m'étonnerait que ça choque quelqu'un ici, de toute manière.


Note :

-Bon, voilà, c'est le premier chapitre d'une histoire sur laquelle je travaille depuis pas mal de temps. Je vous préviens, le premier chapitre n'est qu'un sorte de dévérsement d'infos, parce que j'ai pas mal de truc à mettre en place ! L'histoire ne commence donc pas pour l'instant ! S'il vous plaît, si vous veniez à lire, attendez au moin le 4/5ème chapitre pour vous faire une réelle idée. ;-; (en plus la fin est assez minable, je trouve)

- J'ai deja parlé de mon histoire à ~3/4 personnes sur le forum ! S'il vous plaît, faites attentiiiioooon au spoil. ;-; C'est ma plus grande peur. Ah, et en parlant de ça, je tiens à remercier Shuu et Arca, qui sont les deux personnes qui se sont le plus intéréssées à mon projet avant que je ne le post réellement !



MERCI INFINIMENT SI VOUS VENIEZ A LIRE


Dernière édition par Mayumi le Mer 3 Juil 2013 - 16:07, édité 2 fois
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Mayumi
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MessageSujet: Re: Etoile Argentée   Etoile Argentée Icon_minitime1Mar 2 Juil 2013 - 15:54

center]***[/center]




<< Je suis le fantasme d'un idéal humain dont tous vous avez tous nourrit la chimère. Je suis la perfection dans l'apparence et l'esprit. Je suis l'innocence d'un enfant et la sagesse d'un aîné. Je suis la fraîcheur agréable de la nuit à peine tombée et la douce chaleur du milieu de journée. Je suis le sourire de la personne que vous chérissez et la mélancolie de toutes vos années passées...
Je suis l'étoile dont on ne vous a jamais cessé de relater l'histoire. Je suis celle que vous attendiez les yeux brillants d'espoir...
Et pourtant, malgré la perfection absolue dans laquelle je suis née, sachez que je ne peux rien pour vous. >>

- Gold.



***




Chapitre 1 : Ces gens qui ne réfléchissent plus




Les rues étaient désertes. La pluie avait fait fuir toute trace de vie. Les gouttes atterrissaient sur le sol avec un son harmonieux qui semblait bercer la ville. L'aura majestueuse et délicate de l'averse, quant à elle, transportait le centre-ville dans un monde nouveau, et le faisait jouir d'un calme nonchalant inhabituel à ces heures. Pas une personne scrutant d'un regard avide, la vitrine luxueuse d'un magasin, pas un homme d'affaire bousculant ses semblables d'un pas prompt. L'activité urbaine avait été écrasée sous le poids du tempérament de l'univers, même la plus puissante des capitales ne pouvait pas vaincre cette innocente ennemie. D'immenses flaques d'eau, limpides et pures, se créaient sur le sol pavé de marbre blanc onéreux, glorifiant l’orgueil de ces quartiers de nantis. Sora, unique entité humaine des environs, observait ce paysage mélancolique et ensorcelant que lui offrait le ciel grisé, depuis l'arrêt de bus où elle se trouvait placidement assise. Elle s'y était réfugiée pour attendre un ami, avec lequel elle avait l'habitude de rentrer, car ils étaient voisins. Toute fois, ce dernier avait décidé de demeurer un peu plus longtemps au sein de l'établissement scolaire, et elle lui avait donc promis qu'elle patienterait à l'arrêt de bus, engagement qu'elle commençait à grièvement regretter. Elle tentait de réchauffer l'extrémité de ses mains à l'aide de son souffle, et songea que ses oreilles et son nez n'allaient pas tarder à tomber. En effet, la jupe grise plissée et le blaser jaune de l'uniforme de l'école ne lui permettaient pas de se protéger contre les intempéries. Elle se maudissait en se répétant qu'elle aurait dû prendre un collant, tout en songeant à chez elle et à la chaleur douce et conviviale du bois crépitant dans le poêle.
Commençant à s'impatienter, la jeune fille à la chevelure aveline et lisse sortit son téléphone de son sac, se demandant quelle heure pouvait-il bien être. L’écran lumineux afficha : << 17 : 33, 11 mars 236 >>. Elle ne put contenir un gémissement de surprise en lisant cela, le temps avait coulé de manière particulièrement lente, ce qui fit monter en elle un sentiment d'agacement bouillonnant. Se rappelant soudainement que son téléphone avait tendance à déformer les minutes, elle se leva et fût obligée de se mouiller pendant quelques secondes pour observer la grande horloge, reine impérieuse trônant en haut de la grande tour blanche au bout de la rue. Celle-ci affichait une heure de plus que ce que lui avait indiqué son téléphone, elle n'était pas complètement folle. Il fallait dire, son portable n'était pas un dernier cri, et le système commençant à vieillir sérieusement, la pendule interne avait la fâcheuse habitude de se dérégler de manière assez aléatoire.
Elle soupira profondément et se rassit sur le banc en y posant ses pieds. Elle plaça sa tête entre ses genoux, en écoutant le son des gouttes qui frappaient violemment la toiture de l'arrêt de bus. Les secondes devenaient des siècles. Mais sa bonne conscience l'empêchait de partir sans attendre son ami, car ils faisaient le chemin ensemble depuis leurs débuts à l'école, et trahir une telle tradition ne pouvait en aucun cas se faire sans une réelle raison. La douce musique jouée par l'averse commençait à endormir Sora. Son esprit s'embrumait, elle ne distinguait plus le banc entre ses genoux, et n'entendait plus le son de la pluie, seul le froid envahissant la gardait consciente. Tout à coup, le tonnerre retentit violemment, l'arrachant brutalement à son calme. Elle leva légèrement le regard, et entreprit de compter les gouttes qui tombaient depuis le bout du toit de l'arrêt de bus. Elle les regardait se former lentement, grossir puis vaciller avant que la gravité finisse par jouer son rôle. Elle les voyait mourir et naître, leurs vies éphémères s'éclatant lorsque qu'elles rencontraient le sol dur.
Le ronronnement d'un moteur se fit entendre à quelques mètres. Sora, quelques secondes après, aperçut la lueur des phares d'un bus quasiment vide s'avançant dans l'allée principale. Il se stoppa à l'arrêt où elle attendait depuis plus d'une heure. Le conducteur ouvrit les portes et une poignée de gens descendirent. Elle examinait leurs visages de ses yeux noisettes et vifs, souhaitant y voir apparaître celui de son ami, tout en sachant parfaitement que son espoir était vain. La remarquant, le chauffeur qui s'aprétait à redémarrer lui demanda si elle désirait monter, ce à quoi elle répondit un léger "non" de la tête. L'homme moustachu referma les portes, fit gronder le moteur et le bus disparut au loin, laissant la jeune fille à nouveau seule au milieu du paysage gris et vide. Elle marmonna quelques injures envers son ami, et se leva une nouvelle fois pour porter son regard vers la grande horloge. Elle affichait dix-huit heures et cinquante quatre minutes. Elle soupira une nouvelle fois et, prise de colère, shoota dans une flaque d'eau. Elle s'en maudit par la suite, lorsqu'elle se rendit compte que ses pieds étaient à présent trempés. Sa mère risquait de s'inquiéter de son retard. Sora n'avait pas pensé attendre si longtemps, et ne l'avait donc pas prévenu. Étonnement, elle ne lui avait envoyé aucun message témoignant à sa fille une inquiétude quelconque. La jeune fille émit l'idée qu'elle était trop occupée avec les corvées pour se rendre compte du temps qui passait. Elle se demanda si sa mère finirait par s'en apercevoir. Dans la cas contraire, il allait falloir lui baratiner une excuse pour ne pas avouer qu'elle avait attendu pendant plus d'une heure seule, sous la pluie et à une heure pareille. Que pourrait-elle lui dire ? Elle se mit à réfléchir à un mensonge crédible, qui ne la rende ni coupable, ni trop innocente. Tout à coup, elle entendit le bruit de pas pataugeant dans les flaques d'eau. Intriguée, elle tourna machinalement la tête. Au loin, se profilait le corps de son ami tant attendu, filant à toute vitesse entre les gouttes.

- Sora ! Peina-t-il de crier, essoufflé. Désolé... l'entrainement a été plus long que d'habitude !
- Merci de me le dire maintenant, Ren, rétorqua-t-elle en croisant les bras d'un air vexé.

Le garçon posa ses mains sur ses genoux, soufflant à en perdre haleine. C'était un jeune homme de taille moyenne, son crâne était garnis de cheveux châtains épais, et ses yeux cernés étaient colorés d'un bleu pastel. Il avait couru aussi vite que ses jambes lui permettaient, ne voulant pas aggraver son retard déjà monstrueux au moment où il avait quitté l'école. Sora regarda son ami avec inquiétude, s'accroupit près de lui et posa sa main sur son épaule. Elle bafouilla un timide << Ça va ? >>, ce à quoi le garçon fit << oui >> de la tête, ne pouvant pas articuler quoique ce soit. Ils attendirent pendant quelques minutes que Ren reprenne son rythme cardiaque habituel. Après s'être contenté d'un à peu-près en terme de récupération, le garçon regarda à son tour la grande horloge du fond de la rue, avant de s'exclamer :

- Si on se dépêche, on peut prendre le tramway de 19h15 !
- C'est dans huit minutes, on ne sera pas à la gare avant au moins 20 ! le raisonna Sora avec une pointe d'agacement.
- Pas si on se dépêche ! Lui répondit-il avec hâte.

Sora le vit alors se remettre à courir. Prise de court, elle n'eut pas le temps d'exprimer une quelconque objection, et fût obligée de le suivre au pas de course, en essayant de ne pas le perdre. Plus elle avançait, plus elle pensait se trouver dans une piscine géante, elle était trempée jusqu'aux os. L'eau claquait sous leurs foulées. Le souffle de la jeune fille s'épuisait vite, et au bout de quelques minutes, elle peinait déjà à suivre Ren, qui lui encore mort d'épuisement il y a quelques secondes, courrait à toute allure. Au fil des minutes passées à courir, les rues se faisaient tristes et dégradées. Les deux jeunes gens avaient à présent quitté les beaux quartiers pavés de marbre, parés de leurs vitrines fastueuses remplies de merveilles futiles. Les rues dans lesquelles ils s'engageaient étaient tout ce qu'il y a avait de plus banal dans les arrondissements pauvres de la capitale. Étroites, plutôt sombres, sales et taguées de toute part, elles avaient tout de la ruelle prolétarienne. Sora n'étais jamais très rassurée à l'idée de traverser cet endroit. De temps à autre, ils esquivaient maladroitement les cartons et les poubelles. Ren, un ou deux mètres en avant, fit signe à son amie de se dépêcher, elle hâta le pas autant qu'elle en fût capable. Ils finirent enfin par arriver aux portes de la gare. Ils déboulèrent dans l'établissement avec fureur, passèrent leurs tickets dans les machines aussi vite que possible, et foncèrent à toute allure vers le quai. Ils réussirent à attraper leur tramway de justesse. Sora se laissait couler sur le siège, respirant périlleusement. A vrai dire, pensa t-elle, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas couru ainsi. Ren, quant à lui, resta debout, en s'agrippant une barre, le métal froid contrastant avec la chaleur humaine de sa main.
La ligne qui les conduisait jusque chez eux n'avait jamais été énormément fréquentée, et ils partageaient le wagon avec quelques personnes seulement. Pendant le voyage, le garçon contemplait le paysage qui défilait à travers les fenêtres. Ils avaient à présent quitté la zone urbaine. Ils habitaient tous les deux dans un petit village tranquille de banlieue de la capitale, Caelum, dans laquelle ils se rendaient tout les matins pour l'école. Il y avait environ une quinzaine de minutes en tramway, et en sachant qu'il en fallait dix de plus une fois arrivés à leur arrêt pour rentrer chez eux, ils seraient certainement rentrés de justesse pour le repas. Le conseil de la capitale avait pris le soin d'organiser des lignes jusqu'en banlieue, ce qui était une innovation dans tout le pays. La mère de Sora et celle de Ren étaient amies de longue date, et ils leur semblaient à ces derniers qu'ils s'étaient toujours connus. Ils étaient toujours allés dans la même école, et avait grandis ensemble. Les portes s'ouvrirent à leur arrêt, il leur restait encore un peu de route à pied avant d'arriver jusqu'à chez eux. La pluie n'avait pas cessé, et continuait de battre le sol avec fougue. Le chemin qu'ils empruntaient était une pente encerclée par deux petits murs en pierre bancals, tentant de dissimuler les champs dans lesquels ne se trouvait rien à part de l'herbe. Si le matin, descendre était un jeu d'enfant, monter était une vraie épreuve de force. Que ce soit sous la pluie comme maintenant, ou au soleil sous le poid de la chaleur. Il était difficile de garder assez d'air dans ses poumons pour se permettre de converser. Toute fois, Ren, endurant comme personne, ne pût se taire plus de quelques instants.

- Franchement, tu devrais vraiment faire des stages d'entrainement après les cours toi aussi ! Affirma-t-il.
- A quoi ça me servirait ? Tu as oublié que je suis Sora la débile de D3 ? Ironisa son amie.
- Arrête avec ça, riposta le garçon sur un ton dur. L'examen commun est dans une semaine ! Tu te souviens que demain on rencontre notre binôme ?
- Oui, je m'en souviens parfaitement.
- Si tu le réussis, tu pourrais monter d'au moins un ou deux niveaux ! S'enthousiasma t-il.
- Ça ne m'intéresse pas, répondit-elle froidement.
- Mais... pourquoi ? S'enquit-il avec désolation. Je ne te comprends vraiment pas ! Je suis sûr que tu es capable de mieux que la D3 ! Tu peux mieux faire ! Pourquoi ne même pas essayer ?

Ils étaient à présent arrivés au croisement qui les faisait se quitter sur deux directions différentes. Leurs maisons se profilaient aux bouts de leurs chemins respectifs. Sora, qui ne répondait pas aux interrogations de Ren, avait le regard perdu dans le vide et un air de mort, plantée au milieu des gouttes gelées. N'en avait-elle vraiment rien à faire ? Quel était le plus difficile ? Le simple fait d'être en D3, ou bien le jugement que les autres portaient sur cette classe ? Alors que son ami la regardait la mine intriguée, elle s'arracha à ses pensées.

- Je te laisse ici, lança Sora en faisant un léger signe de la main.
- Bon... bah à demain, se contentât Ren, déçu de ne pas avoir obtenu de réponse.

Ils s'engagèrent tous les deux dans leurs directions habituelles. Sora se trouva devant le pas de sa porte en quelques instants. Au loin, deux imposantes collines se dessinaient, où s'y trouvait un chemin de fer désaffecté à l’atmosphère cafardeuse. La jeune fille introduit les clefs dans la serrure, fit deux tours puis ouvrit la porte. Elle annonça son arrivée d'un mélodieux << je suis rentrée >> mais personne ne lui répondit. Elle enleva ses chaussures rapidement et se dirigea dans la cuisine, où sa mère, une brune aux traits jeunes, était préoccupée avec le repas.

- Oh ! Ma chérie, tu es rentrée ! constata-t-elle en sursaut.
- Tu as l'air drôlement concentrée sur le repas... qu'est-ce que c'est ?
- De la soupe ! Je surveillais qu'elle ne boue pas.
- C'est à quoi ? demanda-t-elle en s'approchant de la casserole pour contempler la mixture.
- Je l'ai faite avec les restes de cette semaine, lui informa sa mère. Sinon, comment s'est passée ta journée ?
- Comme toujours... La pluie l'a rendu un peu plus monotone, se lamenta Sora.
- Ah, ne t'en fais pas, le soleil devrait revenir demain ! Ils l'ont dit à la météo, lui assura la femme avec un grand sourire. Alors que sa fille s'apprêtait à quitter la pièce, elle ajouta : Je te préviens quand c'est prêt ?
- Oui, ce serait gentil, merci ! lui répondit-elle en passant la porte.

Elle s'engagea dans le couloir puis monta la petite échelle en bois qui menait jusqu'à sa chambre, seule et unique pièce qui constituait l'étage, auquel on accédait par une trappe. Elle la partageait avec sa petite sœur, Lina. Le plafond suivait la forme du toit, laissant peu d'espace sur les bords. Leurs lits se trouvaient dans le fond de la pièce. Entre eux, il se trouvait une toute petite fenêtre à la forme ronde, ne laissant guère passer la lumière. Juste dessous, se dressait une table de nuit dont l'un des tiroirs manquait. Sora appuya sur l'interrupteur et la lampe clignota deux fois, accompagné de quelques grésillements avant d'éclairer la pièce. Elle posa son sac de cours sur son lit recouvert d'une couverture rouge. Elle entendait les coups de tonnerre qui se faisaient de plus en plus réguliers. La voix de sa mère résonna jusque dans sa chambre, elle l'appelait pour dîner. Avant de redescendre, Sora ôta son uniforme trempé, et alla chercher des vêtements secs dans l'armoire qui se trouvait adossée contre le mur gauche. Elle les enfila avec hâte. Ce n’était pas de beaux habits, seulement elle ne voulait pas passer l’entièreté du repas frigorifiée. Elle descendit au rez-de-chaussée et se rendit à la cuisine, où sa mère et sa sœur avaient déjà entamé leur repas.

- Dis, Sora, j'aurai besoin de ton aide s'il te plaît ! Quémanda Lina.
- Tu veux quoi ? L'interrogea son aînée après avoir avalé un gorgée de soupe.
- Vu que je rentre en Année Finale après les vacances, ma prof' a demandé à chaque élève de faire un exposé dessus, pour qu'on sache qu'est-ce que c'est.
- Oh ! Je me souviens, j'avais eu à faire pareil ! se rappela Sora avec un léger sourire. Tu as besoin de renseignement sur quoi ?
- Tout, répliqua la cadette.
- Tout ?! S'étonna t-elle. Par où commencer ?
- Bah, je sais pas, moi...
- Bon, je vais essayer de te donner des informations claires... En finissant les Années Préparatoires à 14 ans, tu rentres comme tu le sais en Années Finales, où tu étudies jusqu'à tes 18 ans. En Préparatoire, tu as essentiellement des cours de combat et de science. Lorsque tu rentres en Finale, tu dois choisir une des deux filières, tu peux prendre soit combat, soit science mais pas les deux, expliqua Sora avec un air de professeur. Une nouveauté des Années Finales, c'est qu'on est classés de différentes façons... On te range dans une "section" et une "classe". Ta section peut être soit A, B, C, ou D, elle varie en fonction des niveaux. Les A sont donc les meilleurs, et les D les moins bons. Ta classe, elle, peut être soit 1, soit 2, soit 3. C'est "un niveau dans les niveaux", on va dire, pour être encore plus précis. Tu suis ?
- Je suis ! Affirma Lina.
- Les A1 sont les plus forts des forts, et les D3 les moins bons des moins bons. Aussi, imaginons que tu sois en C3 une année. Si à la fin, tu obtiens une moyenne annuelle trop basse, l'an prochain, tu seras en D1. Pareil, si tu as une bonne moyenne et que tu étais en B1, l'an prochain tu seras en A3 !
- Tu as bien pris science, en filière, toi ?
- Oui, c'est ça, j'ai pris science, confirma Sora.
- Tu as tout ce qu'il te faut, Lili ? S'enquit leur mère.
- Oui, c'est bon ! Enfin je pense... Les examens, ils sont comment ? L'école est grande ?
- L'école est plutôt grande, oui... lui répondit sa sœur. Les examens... dépendent de la filière, je suppose. En science, les examens sont banals, plus théoriques que pratiques. Le seul examen réellement pratique, c'est celui qui aura bientôt lieux et que je vais passer.
- L'examen commun ? Demanda la femme, ayant déjà finit le bol de soupe qu'elle avait préparé.
- Oui, celui là !
- C'est quoi ? Interrogea Lina.
- Un truc... pénible. Tu le fais pendant ton avant dernière année. En gros, un ordinateur te choisit un binôme de la filière opposée une semaine avant le jour J. Juste après, celui en science se verra remis tout le matériel requis pour construire un mini-avion, ainsi qu'un plan de base pour un minimum de sécurité. Son but est de booster l'engin à fond pour pouvoir arriver à la meilleure place possible pendant la course qui constitue l'examen. Le binôme de filière combat, lui, est examiné sur sa capacité à conduire un engin volant. C'est un examen qui évalue les deux filières, c'est pour cela qu'on le nomme "l'examen commun". C'est le seul à faire ça.
- Et donc, tout à la fin de la Finale, ceux qui font combat partent à la guerre, et ceux qui font science créent de nouvelles armes ? Notre prof nous a dit ça.
- Oui, voilà ! Enfin, pas tout le monde... tous ceux qui sont en section D doivent se débrouiller. Ils doivent trouver du travail eux même. La plupart finissent soit employés dans des supers marchés, ou travaillent à la chaîne, à l'assemblage des armes.
- Hey mais, si t'es en D3... c'est ce qu'il va t'arriver ? Railla la cadette.
- Te fous pas de moi ! Grommela sa sœur. J'ai hâte de t'y voir ! Et puis on peut faire des métiers très biens, y'a qu'à imaginer tout le fric que se font les patrons des boutiques du centre-ville !
- Les filles, calmez-vous... soupira leur mère. Bon, puisque vous avez fini, Lina, tu débarrasses la table. Sora, va ranger les chaises dans la chambre de Nilo, elles prennent trop de place dans la cuisine.

Les deux sœurs s'attelèrent à leurs tâches respectives. Sora emboîta les trois chaises en bois, puis les sortit de la cuisine en peinant à les porter. Elle se dirigea vers la porte tout au fond du couloir, derrière l'échelle qui menait à sa chambre. La pièce qui était autrefois la chambre de son grand frère, Nilo, était devenue un sorte de cagibi, où y trouvait sa place tout ce qu'on ne souhaitait pas voir. C'était un endroit d'une tristesse épouvantable. A chaque fois qu'elle y pénétrait, c'était une avalanche de souvenirs qui se déversait douloureusement dans son esprit. Il avait atteint la majorité il y a trois ans. Diplômé en combat, il était partit à la guerre. Sora rêvait qu'un jour, elle aurait des nouvelles de lui, mais elle savait bien que ça n'arrivait jamais. Personne n'avait reçut de nouvelles de leurs proches partis à l'armée. Cette guerre englobait le monde : l'école y était vouée, l'économie ne fonctionnait que pour elle, les politiques mystérieux ne parlaient que de ça, la guerre était devenue un mode de vie. Et pourtant, étrangement, il n'y avait jamais rien eu que les citoyens ne connaissaient moins, le gouvernement ne laissait rien passer. Contre qui ? Quelles en étaient les raisons ? Les zones d'ombres affluaient, l'état semblait vouloir cacher ce qui y était lié. Les médias et les hommes de haute importance en parlaient sans arrêt, mais n'approfondissaient jamais leurs propos, laissant le mystère s'installer. Et à chaque fois qu'on en parlait, c'était toujours le même message : << Nous sommes victorieux ! L'armée ennemie vacille, nous allons gagner ! >> Cela faisait des années maintenant qu'on ne cessait de répéter ces mêmes choses, mais jamais rien ne se passait d'autre. Le plus intriguant, c'était qu'on ne savait pas non-plus où se trouvait le front. Tout les ans, des soldats diplômés partaient se battre, mais on ne savait pas contre qui, tout les mois, des milliers d'entre eux mourraient, mais on ne savait même pas où, et toutes les minutes, ils souffraient, mais on ne savait pas pourquoi. Quant au peuple, il ne se questionnait pas plus que ça. On apprenait aux gens dès leur enfance que l'Etat, le merveilleux, gérait toutes ses affaires à la perfection, ce n'était pas la peine de s'inquiéter. Sora bouillonnait en réfléchissant à tout cela. Lorsqu'elle eut finit de ranger les chaises, Sora rejoignit sa chambre, où sa sœur, déjà prête pour aller au lit, se peignait les cheveux. L'aînée sortit un pyjama de la grande armoire plaquée contre le mur, puis descendit l'échelle pour aller se préparer dans la salle de bain. Elle prit une douche, se sécha, enfila son pyjama, se brossa les dents puis se peigna les cheveux. Après cela, elle revint dans sa chambre, où sa sœur était déjà couchée. Elle se faufilât alors sous la couette, pensant au lendemain, elle allait rencontrer son binôme, pour l'examen commun. Légèrement angoissée, elle tenta de décompresser, laissant son esprit vaguer dans les sphères du demi-sommeil. Et c'est ainsi que, bercée par le son de la pluie qui battait toujours contre le toit, elle s'endormit paisiblement.




***




Le réveil de Sora sonna à six heure trente. Elle se réveilla d'un coup et éteignit rapidement l'engin pour ne pas réveiller sa sœur, qui avait la chance de prendre un tramway passant plus tard. Elle ouvrit rapidement la petite fenêtre ronde qui se trouvait entre leurs lits. La pluie avait cessé, ayant laissé sa douce fraîcheur envahir la matinée. La jeune fille sortit un uniforme propre de l'armoire et entama le rituel ennuyeux du matin. Elle se dirigea vers la salle de bain puis en sortit une quinzaine de minutes plus tard, après s'être habillée, s'être lavée le visage, coiffée et brossée les dents. Elle prit son petit déjeuner, encore légèrement enbrûmée par le sommeil, puis partit de la maison aux alentours de sept heure. Ren l'attendait déjà au croisement en bas de chez elle.
Leur tramway partait à sept heure dix. Ils avaient ensuite à patienter les vingt minutes de trajet. Après, ils marchaient une quinzaine de minutes pour arriver à l'école à sept heure quarante cinq et attendre la sonnerie de huit heure. Ils arrivèrent jusqu'à leur tramway et firent leur route au milieu des quelques personnes empruntant la même ligne qu'eux, avant de descendre et de commencer à marcher. Ren, depuis le début, ne parlait que de la journée qui allait se dérouler, excité quant à l'idée de rencontrer son binôme. Ils passèrent par les ruelles mal fréquentées, avant de voir apparaître le centre-ville et ses dalles de marbre blanc. Les rues étaient à nouveau étouffée par la population, contrastant avec l'absence de vie que Sora avait pu contempler la veille. Ren jeta un léger regard à la grande horloge pour vérifier l'heure qu'il était, et constata que, comme tous les jours ils étaient en avance, et qu'ils allaient devoir attendre. Ils arrivèrent à l'école, un immense endroit composé de plusieurs bâtiments, et qui, avec les terrains d'entrainement, semblait s'étendre à des kilomètres. Il avait fallu bien longtemps à Sora et aux autres avant de réussir à s'habituer à un endroit si vaste. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait pu s'y perdre. Après avoir pénétré à l'intérieur, ils se dirigèrent comme à leur habitude vers le distributeur automatique, qui se trouvait dans une sorte de couloir couvert qui donnait sur la cour extérieure. Sora et Ren y attendaient que la sonnerie retentisse tous les matins. Le garçon pris la même boisson qu'il prenait tout les jours, et alla s’asseoir sur le banc qui se trouvait juste à côté, où Sora était déjà posée.

- Tu n'es pas stressée ? demanda le jeune homme en avalant une gorgée de sa canette.
- Pourquoi je le serai ? Bougonna son amie en croisant les bras.
- On rencontre notre binôme aujourd'hui, tout le monde est censé l'être !
- Oh, tu sais, moi, vu où j'en suis, j'ai arrêté de m'inquiéter pour l'école... répondit-elle amèrement.
- Tu m'énerves, tu sais, s'indigna -il. Tu pourrais faire bien mieux si tu t'intéressais un peu aux cours !
- Et si je n’ai pas envie de faire mieux ?
- Tu ne peux pas ne pas en avoir envie ! Tout le monde veut ! Protesta le garçon.
- Tu dis ça parce que tu es trop conformiste, Ren, soupira Sora en posant ses coudes sur ses genoux et en plaquant sa tête entre ses mains.
- Et voilà ! Tu réponds ça ! Comme d'habitude ! Tu n'as rien d'autre à dire ?

La jeune fille, n'ayant aucun autre argument pour se défendre, haussa les épaules. Ren, agacé, soupira un long moment.

- Je m'en doutais, poursuivit-il. Essaye au moins de faire de ton mieux pour l'examen commun. Pense que si tu fais rien, y'aura pas que toi de pénalisée.
- On verra bien ce qu'il se passera ! répondit-elle avec un air léger.
- J'en ai marre de te voir en D3. Sincèrement, gémit-il en la regardant dans les yeux.
- Non, répliqua t-elle. Arrête de mentir, tu n'en as pas "marre", Ren.
- Qu'est-ce que tu insinues ? S'enquit-il.
- Tu as juste honte.
- Honte de quoi ? demanda-t-il en plissant les yeux.
- D'être mon ami. C'est toujours la honte d'être ami avec une personne de D3. Tu as un niveau moyen, t'es en B3, donc t'as honte d'être ami avec moi, lui expliqua t-elle avec un ton dégoûté.
- N'importe quoi ! Tu racontes n'importe quoi ! nia-t-il.
- Je sais que j'ai raison. T'oses pas venir me voir quand t'es avec tes autres amis et tout... La plupart ne savent même pas qu'on se connait ! Ni même qu'on est voisin. Si on doit se rejoindre à l'arrêt de bus et pas directement en sortant des cours, c'est pour pas que les autres découvrent qu'on est ami !
- Mais je suis bien ici avec toi, là !
- Parce qu'il n'y a personne à part nous, ils sont tous dans la cour principale à l'heure qu'il est.
- Aish... soupira le garçon en passant une main dans ses cheveux. Tu devrais pas penser ça.
- D'ailleurs, des gens vont bientôt commencer à arriver... informa Sora en regardant l'heure sur son téléphone. Tu ferais mieux d'y aller, je vais attendre devant la salle de la D3.
- ...Tu le fais exprès ?! Rétorqua-t-il.
- Si tu penses que je suis en train d'essayer de te faire culpabiliser, c'est faux, dénia t-elle en se levant et en prenant son sac. On fait juste comme tous les jours, ok ? A ce soir !
- ...A ce soir, répondit le garçon, gêné.

Sora s'engagea dans l'allée, puis emprunta une porte qui menait à l'intérieur de l'école. Sa salle de classe se trouvait tout au fond du rez-de-chaussée du bâtiment réservé aux filières scientifiques, elle n'avait donc pas beaucoup à se fatiguer, car on lui épargnait les escaliers. Les couloirs vides prenaient des airs de films d'horreur. A cette heure, tout le monde se trouvait soit dans la cour principale, sorte de grand hall fermé au centre de tous les bâtiments, soit ils étaient encore en train d'arriver. Lorsqu'elle atteignit la salle, elle remarqua que quelqu'un, assis adossé contre le couloir attendait déjà.

- Oh ! Runa, tu es déjà là ?! s'étonna Sora.
- Tiens, tu es arrivée ! remarqua la jeune fille aux longs cheveux roux.
- Eheh, d'habitude c'est moi la première !
- Oui, je suis arrivée tôt, ce matin. J'étais en avance alors bon, je suis allée directement à la salle, expliqua t-elle.
- Les cours commencent dans une dizaine de minutes, t'attends depuis longtemps ?
- Je suis arrivée à sept heure et demi !
- Bah, maintenant, le reste ne devrait pas tarder à arriver...
- Oui ! De toute manière, cette journée ne risque de pas être trop lourde en travail, vu qu'elle sera consacrée à la préparation de l'examen commun...
- De toute manière, qui travaille en D3 ? Ironisa Sora.
- Je me demande bien ! lui répondit son amie en souriant.
- Ah... j'espère que je ne vais pas tomber avec quelqu'un d'un niveau trop avancé... gémit-elle. Ce serait trop stressant.
- Moi non plus ! Imagine que l'ordinateur nous ait choisit quelqu'un de la A1 ! S'imagina la rousse avec terreur.
- Ne parle pas du pire ! En plus du fait qu'on devrait s'arracher au travail pour ne pas le ou la pénaliser lorsqu'il devra conduire l'avion, on se ferait mépriser tout du long...
- Ah... ça me stresse. J'ai hâte que ce soit terminé.
- On a qu'à se dire que dans sept jours au soir, ce sera fini ! Se rassura-t-elle.
- Oui... Et puis d'autres D3 ont passés cette épreuve avant nous, je suppose qu'on va réussir à survivre.
- Si seulement c'était aussi simple que ce qu'on dit maintenant... soupira Sora.
- Si seulement !

La sonnerie retentit dans l'établissement. Les couloirs commencèrent à se remplir de bruit. On pouvait entendre les pas marteler le sol, et les élèves discuter en allant en cour. Rapidement, la professeure de D3 arriva, suivit du reste des élèves. Elle ouvrit la salle et ils allèrent s’asseoir. Cette classe n'était composée que de très peu d'élèves, il n'y en avait pas beaucoup à avoir un niveau assez bas pour faire partie de la D3. Leur professeur, madame Wally, une très grande femme au chignon brun, les salua rapidement avant de commencer à leur expliquer le déroulement de la journée.

- Bon, comme vous le savez tous, aujourd'hui, vous allez, en tant que scientifiques, recevoir votre matériel, ainsi que rencontrer votre binôme ! Je vais vous expliquer comment ça va se passer. Je vais à chacun d'entre vous distribuer une fiche. C'est un document officiel qui certifie que vous faites bien partie de l'établissement et que vous êtes en droit de passer l'épreuve. En haut, vous y trouverez une heure et un numéro de salle. Il y a aussi tout le blabla vous concernant, le numéro de votre hangar et les noms des profs qui vous recevront.Vous devez donc vous rendre à l'heure et à la salle indiquée pour qu'on vous distribue vous donne la clef de votre hangar et que vous découvriez votre binôme ! On vous expliqua le reste à ce moment. Des questions ?
- Madame, est-ce qu'on pourra partir, après ? demanda Roll, un petit gros à lunettes.
- Quand vous aurez fait tout ça, vous aurez l'autorisation de quitter l'établissement. Vous n'aurez pas cours de toute la semaine, mais n'oubliez pas que ce n'est pas des vacances, vous devez travailler à la construction de votre avion. Si tout est bon, je vais vous distribuer vos fiches. Ne les perdez pas, ou vous ne serez pas autorisés à passer l'épreuve !

Madame Wally passa entre les les rangs, distribuant avec hâte la paperasse officielle. Tous espéraient passer le plus tôt possible, ne pouvant attendre de découvrir avec qui ils feraient la paire. Runa, qui était placée juste devant Sora, lui demanda quelle était son heure de passage. La jeune fille reposa rapidement ses yeux sur la feuille pour être certaine de ne pas se tromper avant de réponde.

- Midi quinze ! Et toi ?
- Je passe à neuf heures... c'est bientôt ! Jubila t-elle.
- Tu es contente ? S'étonna Sora.
- Oui, parce qu'au moins je serais rapidement fixée.
- Oui, c'est vrai... J’espère qu'on tombera sur des gens sympas !
- Bien ! Interrompit la madame Wally. Vous pouvez maintenant faire ce que vous avez envie, l'important est que vous n'oubliez pas de passer dans votre salle, d'accord ? Et surtout, ne quittez pas l'établissement avant d'avoir tout fait ! J'ai confiance en vous, je sais que vous êtes tous intelligents, et que si vous faites de votre mieux, vous pouvez faire mille fois mieux qu'un élève de A1. Tachez de ne pas vous auto-décevoir ! Allez, disposez, maintenant !

Les élèves remercièrent leur professeur en coeur, puis la plupart quittèrent la classe. Madame Wally resta assise à son bureau, mis ses lunettes et feuilleta quelques papiers. Runa se retourna de manière à se retrouver face à Sora, puis s'assit sur sa table. Elle lui sourit avant de proposer :

- Ça te dit qu'on aille prendre un truc au distributeur en attendant notre passage ?




***




Il était à présent midi et douze minutes. Sora, convoquée au troisième étage, s'engageait dans les escaliers. Plus elle montait, plus le stress devenait puissant en elle. Allait-elle y arriver ? Son binôme n'allait-il pas en demander trop de sa part ? Elle qui avait l'habitude de se ficher totalement des examens qu'elle passait, celui-là semblait plus redoutable. Elle croisait le chemin de paires de personnes s'étant déjà rendu à leur rendez-vous. La peur l'étouffait presque, et il lui semblait que les escaliers la dévorait, car ils la rapprochaient un peu plus de sa salle à chaque marche qu'elle gravissait. Elle arriva devant la salle 304, où on l'avait convoquée, en compagnie de monsieur Elbarto et monsieur Malaski, qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. La porte était déjà ouverte, laissant apparaître le bureau derrière lequel les deux professeurs étaient assis. Sora rentra avec un << bonjour >> timide. Un des deux hommes lui fit signe de prendre place en face d'eux.

- Ta fiche, s'il te plaît, lui demanda t-il.
- Tenez, répondit-elle en lui tendant l'objet, la main tremblante.

L'homme la prit et l'examina rapidement. Il était grand, les épaules larges et un regard dur. Il gratta son crâne, recouvert de cheveux bruns coupés très courts. De toute évidence, de par sa carrure, ce devait être un professeur de combat, s’entraînant tout les jours pour donner les meilleurs conseils possibles à ces élèves. A côté de lui, l'homme qui devait être le professeur de science, semblait tout aussi grand et musclé. Ses cheveux blonds étaient coiffés de manière parfaite, et il souriait à Sora. Son partenaire, après avoir finit de lire la feuille, lui fit passer. Il la décrypta rapidement avant de prendre la parole :

- Yim Sora. Sexe féminin. Née le premier mars de l'année 219. Habite au 62 dans le district 6 de la banlieue de Caelum. Classe D3 filière scientifique. Tout est bon ?
- Oui. affirma-t-elle en hochant la tête.
- Parfait ! Conclut-il. Ton binôme devrait être là...
- Il a intérêt à se dépêcher, commenta l'autre homme, l'air agacé.

Ils attendirent un moment. Le professeur de combat martelait la table de ses ongles, semblant bouillonner intérieurement. Celui de science, n'ayant pas l'air très réjouit non plus, restait assis sur sa chaise sans bouger, les bras et les jambes croisés. Sora, quant à elle, restait plantée devant eux, ne savant trop quoi faire. Au bout de quelques instants, ils entendirent des pas pressés dans le couloir. Un garçon passa la porte, en tentant de reprendre son souffle.

-E-excusez-moi de mon retard ! S'étouffa-t-il.
- C'est un rendez-vous important que tu avais, gronda le brun. Tu ne peux pas te permettre d'être en retard ! Qu'as-tu à dire pour te défendre ?!
- Oh, monsieur Elbarto ! S'étonna le jeune homme. Je n'ai aucune excuse, pardonnez-moi.

L'homme regarda son collège un instant, avec un regard dubitatif. Le scientifique haussa les épaules, et monsieur Elbarto reposa son regard sur le garçon.

- Tu es excusé pour cette fois, mais ne t'avises pas de prendre l'habitude d'arriver en retard. Surtout pour un rendez-vous important. Si on avait eu plus de temps, je t'aurai fait la leçon. Donne-moi ta fiche.

Le garçon sortit un morceau de papier plié en quatre, glissé dans la poche de son uniforme. Il le donna au professeur avec une main assurée.

-Bien. Yiran Jin. Sexe masculin. Né le vingt-et-un février 219. Habite dans le centre-ville rue Aurum, étage 3 au 14. A2 filière de combat. Tout est correct ?

Sora tressaillit. << A2 filière de combat >>. Un A2, son cauchemar se réalisait.

- Oui, tout est bon ! Confirma le garçon.
- Parfait, on va pouvoir passer aux choses sérieuses ! Annonça le grand blond.

- Il ouvrit un tiroir du bureau, fouilla dedans pendant quelque instant avant de s'exclamer << Mais où est donc la 62 ?! >>, après quelques secondes, il se rassura en la trouvant. Il releva la tête vers les deux jeunes gens, et leur tendit l'objet, dont Jin s’empara avec empressement.

- Voici les clefs de votre hangar ! Il porte le numéro 62, comme il était écrit sur votre convocation. Tout le matériels y sera déjà, c'est plus pratique comme ça. Voilà. Reprenez vos feuilles et vous pouvez partir.
- Travaillez bien. Au nom de l'Etat! Enchérit monsieur Elbarto.
- Au nom de l'Etat, répéta l'autre.

Sora hocha la tête et Jin articula un "oui" ferme. Ils reprirent leurs documents et sortirent de la salle. Ils descendaient les escaliers, Sora se taisait, attendant le moment fatidique où il faudrait qu'ils discutent. Son binôme était un grand brun aux yeux noisettes, qui, véritable pipelette, ne put pas laisser le silence s'installer trop longtemps.

- Comment tu t'appelles ? Demanda-t-il sur un ton léger et enjoué. Je n’ai pas pu entendre, du coup, vu que je suis arrivé en retard !
- Sora... répondit la jeune fille avec un air gêné.
- Bien, Sora ! Nous allons faire équipe pendant une semaine, prête ?
- Plutôt... lui répondit-elle en hésitant.
- T'as l'air timide ! dit-il en souriant à pleine dents.
- Timide ? Je sais pas, pas trop...
- Ah bon ? On dirait ! T'es en quelle classe ?
- C'est pour ça, justement... répondit-elle avec un rictus figé.
- ...Hein ? Répliqua t-il avec un air d'incompréhension. De quoi ? C'est pour quoi ?
- Tu es en A2... tu dois être fort...
- Moi ? Evidemment que je suis fort ! Se venta le jeune homme en ricanant. Et je suis bien prêt à arriver premier à cette course ! J'ai entendu qu'on recevait une mention spéciale à l'examen à partir de la 5ème place.
- Tu sais... moi... balbutia difficilement Sora en passant une main derrière sa nuque.
- Toi ? demanda le jeune garçon, toujours avec le même air enjoué.
- ...Je suis en D3.

Le visage de Jin se décomposa pendant quelques secondes, puis ses traits laissèrent à nouveaux apparaître un sourire, comme crispé.

- Ce... C'est une blague ? Tu veux me faire rire pour bien commencer, n'est-ce pas ?
- Non. C'est si difficile de croire que je suis en D3 ? Soupira Sora.
- Mais... Il y a dû avoir une erreur... geint le garçon. Pas moi... je ne peux pas être tombé avec... une fille de D3...
- C'est si dérangeant ? Dit-t-elle aigrement.
- Si c'est dérangeant ?! S'écria-t-il. Mais je veux gagner cette course, moi ! Je ne veux pas finir dans les derniers, tout ça parce que je fais équipe avec une minable !
- Une minable...? marmonna t-elle en arquant un sourcil.
- Comment je vais faire avec un avion pourrit...?
- Rien qu'en te voyant me traiter ainsi, je sais que je suis au moins mille fois plus intelligente que toi, riposta-t-elle.
- Comment tu peux croire être plus intelligente que moi alors que t'es en D3 ?
- Tu crois encore que l'intelligence se mesure grâce aux résultats scolaires ? le méprisa t-elle.

Elle n'eu pas de réponse. Ils étaient à présent arrivés en bas des escaliers. Jin prit les devant pour guider Sora, en lui faisant un léger << c'est par là >>. Les hangars se trouvaient dans la partie de l'école réservée à la filière de combat, et jamais Sora n'y avait pénétré. Leur destination se trouvait à l'autre bout de l'école. Ils traversèrent plusieurs couloirs et deux cours avant de l'atteindre. Jamais Sora n'aurait pensé qu'il eu fallut tant de marche pour aller d'un endroit à un autre à l'école. Face aux différentes portes des hangars, ils cherchèrent celle marquée d'un << 62 >>, avant de l'ouvrir et regarder ce qu'il y avait à l'intérieur. C'était une petite pièce , où l'on avait disposé tout le matériel nécessaire à l'exercice. Tout de suite, Jin se mit à faire l'inventaire.

- Le plan de base, le matos, les outils... c'est bon, on a tout ! T'as intérêt de faire un bon truc ! Je ne veux pas perdre la course à cause de toi !
- Je ne vois pas pourquoi je ferais quelque chose de bien pour quelqu'un qui me traite comme ça ! Grogna t-elle.
- Mais ça ne te dérange pas, toi, d'être aussi nulle ?
- Je ne suis pas nulle ! Rétorqua Sora. Tu n'arriveras pas à me le faire penser, je peux t'assurer.
- Tch. T'es bizarre... soupira le garçon en s'asseyant par terre.
- Je savais que tu finirais par dire ça, lui répondit-elle d'un ton perspicace.
- Aish... je m'en fiche. Quoiqu'il en soit, t'as intérêt à bosser !
- Fais le toi-même.
- Mais je n’y connais rien dans vos trucs de science bidule, moi ! Protesta le garçon.
- Une "minable" de D3 n'y connait pas grand-chose non plus.
- Tu peux au moins essayer !
- Tu ne m'en donnes pas l'envie.
- Ah ouais ? Tu sais quoi, demain, rendez-vous ici à treize heure ! Tu vas commencer à travailler, et je te surveillerais, que tu veuilles ou pas !
- Et si je ne viens pas ? suggéra Sora avec un ton sarcastique.
- Tu ferais mieux. Si tu ne travailles pas et que t'es encore en D à la fin de l'an prochain, tu finiras caissière. Bref, j'y vais. J'ai d'autres choses bien meilleures à faire que de rester avec toi.

Le garçon s'en alla rapidement, et Sora souffla en se laissant glisser contre le mur froid. Cette semaine allait durer une éternité, pensa t-elle, désespérée. Elle jeta un léger coup d'oeil au matériel, trônant au milieu de la petite salle, elle n'avait pas la moindre idée de quoi faire avec. Elle reproduirait ce qui est imprimé sur le plan de base, mais ne savait absolument pas comment elle pourrait installer un mécanisme qui ferait avancer son avions plus vite. Elle sortit son portable de son sac et envoya un message à Runa, lui demandant ce qu'il se passait de son côté. Quelques minutes plus tard, elle reçut sa réponse, lui informant qu'elle était tombée avec une fille de B2, plutôt gentille et qui n'avait pas l'air de soucier du fait qu'elle soit en D3. Sora lui écrivit en la jalousant qu'elle était tombée avec << un garçon de A2 insolent, odieux et imbus de lui-même >> avec qui elle préférerait ne plus jamais avoir à faire.
Elle resta assise contre le mur du hangar soixante-deux pendant une trentaine de minutes, le faciès vide et l'air infortuné. Elle finit par conclure de prendre le tramway qui allait bientôt passer et de rejoindre son petit village de banlieue, sans même attendre Ren. Lorsqu'elle fût de retour chez elle, sa mère lui demanda comment s'était passée sa journée, sachant parfaitement que sa fille angoissait à l'idée de rencontrer son binôme. Pour la rassurer, Sora lui répondit que tout était allé à merveille, et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter. Sa mère lui donna du chocolat que son père avait ramené du travail, en rentrant hier soir. Elle ne le voyait que très rarement, car il travaillait à la chaîne du matin jusqu'au soir, dans une usine de chocolat. Parfois, il s'autorisé à en ramener un peu, en prenant garde de ne pas se faire prendre, et en donnait à ses enfants. L'horloge affichait quatorze heure de l'après midi, et Sora, après avoir dégusté son chocolat, s'ennuyait à mourir. Ce qui s'était produit à l'école plus tôt lui avait coupé l'envie de tout. Remarquant que sa fille se languissait, la mère de Sora lui proposa d'aller rendre visite à madame Laufany, une femme âgée de quatre-vingt deux ans toujours pleine de vie, qui habitait dans le quartier. La jeune fille acquiesça, pensant que cela lui permettrait de s'occuper. Elle sortit de chez elle, et commença à marcher. La vielle femme habitait en bas de chez elle, à environ une centaine de mètres. L'air été frais, mars était un mois humide et gelé. Elle frissonnait, une fois de plus, elle n'avait pas pris le temps de mieux se couvrir. Elle put apercevoir avec enchantement les bourgeons des fleurs qui annonçaient le printemps. En quelques minutes, elle fût arrivée devant la porte de madame Laufany. Elle toqua trois coup, et une vingtaine de secondes après, on ouvrit.

- Oh ! La fille de Limissa ! S'exclama la vielle femme.
- C'est bien moi, Sora ! Répondit-elle en souriant.
- Entre ! Lui répondit la grand-mère en l'invitant à passer la porte. Qu'est-ce que tu viens faire ici ?
- En fait, je m'ennuyais... et comme ma mère sait que vous êtes toujours occupée à faire quelque chose, elle m'a dit de venir vous voir !
- Et bien tu tombes à pique, ma fille, car j'allais partir faire ma ballade journalière, annonça t-elle. J'avais décidé d'aller en haut de la colline juste derrière ta maison.
- Là où il y a les anciens rails ?
- Labàs même ! Valida la vielle. Tu peux venir avec moi, si tu le souhaites.
- J'en serais ravie !
- Bien, parfait alors. Laisse-moi juste boire un coup, et on y va.

Elle se dirigea dans sa cuisine, et se servit un verre d'eau bien fraîche. Elle en proposa à Sora, qui refusa poliment, car elle n'avait pas soif. Ensuite, la vielle dame se para de son manteau le plus chaud, et elles partirent pour leur ballade. Madame Laufany était une femme trapue, le visage plissé par le temps, dotée d'une chevelure argentée resplendissante. C'était le genre de personne avec laquelle on pouvait discuter aisément. Et, en général, à chaque fois que l'on lui faisait la conversation, on finissait par apprendre des choses, car elle était très cultivée. C'était une femme qui avait vécu beaucoup de choses, et qui tout au long de sa vie, s'était intéressée au monde qui l'entourait. Alors qu'elles arpentaient déjà la colline, la vielle femme demanda :

- Et alors, ton examen commun ? C'était aujourd'hui la première phase, n'est-ce pas ?
- Oui, et j'aurais bien aimé que ce jour n'ai jamais existé, à vrai dire...
- Ah bon ? Pourquoi ? S'étonna la vielle femme.
- Mon binôme est exécrable, confia la jeune fille avec un air dépité. Il me sous-estime parce qu'il est à un niveau bien plus supérieur que le mien.

Madame Laufany s'exclafa. Sora, ne comprenant pas la raison de son rire effréné, la regarda avec une mine d'incompréhension, et son interlocutrice lui expliqua :

- Ne fais pas attention à ça ! Tu verras, ce genre de personnes ne vont jamais bien loin, tu sais.
- En tout cas, j'espère que lui n'ira pas loin... marmonna-t-elle.

Sora et la vielle femme se trouvaient à présent presque en haut de la colline, où s'étalaient à perte de vues les anciens rails abandonnés. C'était certainement un lieu chargé d'histoire, mais personne ne s'y était jamais intéressé, car personne ne s’intéressait à rien. C'était un des vestiges de l'ancienne civilisation, que l'on avait découvert après l'aire glacière. L'ère glacière était l'une des seules périodes de l'histoire du monde sur laquelle les habitants étaient au courant. Ils savaient qu'avant de retrouver les saisons, pendant très longtemps, il n' avait fait que neiger. Les habitants se démenaient pour ne pas finir par étouffer sous l'épais manteau blanc qui prenait de plus en plus de hauteur au fil des jours. A cette époque, la vie était rude, la nourriture manquait, et l'eau potable se faisait rare. Il n'existait seulement que de petits villages, constitués d'autour de cinquante habitants. Jusqu'au jour où les scientifiques de l'état arrivèrent avec d'immenses machines, qui firent fondre la neige en déversant l'eau produite dans de grands barils, qui seraient ensuite rapportés aux laboratoires dans le but de l'utiliser pour en faire une source d’énergie. En faisant fondre la neige, on découvrit des choses qui avaient étaient enfouies dessous au fil des années, comme ces rails. Aucune recherches n'avaient été faites sur ces ruines qu'on a retrouvés. Cela témoigne d'une trace de vie avant la glaciation, mais de quel type ? On ne savait rien du passé avant les dernières années de la glaciation. Tout s'est perdu dans les limbes de la mémoire du monde. Les rails s'entendaient à perte de vue, jusqu'à l'horizon. Il semblait qu'ils n'avaient pas de fin. Nombre de fois lorsqu'elle était enfant, Sora s'était mis en tête de suivre leur chemin, pour découvrir où pouvaient-elles bien mener. Toutefois, elle avait toujours fini par abandonner son idée, car c'était évidemment beaucoup trop long. Depuis toute petite, elle était passionnée par cet endroit.

- Dites, madame, vous avez connu le monde lorsqu'il y avait plein de neige ?
- Moi ? J'ai l'air si vielle ? Rigola la femme. Non. Ma propre grand-mère était encore une petite fille lorsqu'ils ont commencé à tout faire fondre, tu sais. Ah... Je me souviens, elle me racontait toujours que pour ne pas que les maisons finissent enfouies sous la neige, les hommes du village avaient l'habitude de tout pousser au même endroit, ce qui avait fini par créer d'immenses tas au fil du temps ! Tous les enfants adoraient aller grimper dessus, mais ils se faisaient disputer !
- Vraiment ? Ce devait être une période étrange...
- Certes... approuva madame Laufany.
- Dites, j'ai un conseil à vous demander...
- Et lequel est-il ?
- Demain, mon si exécrable binôme m'a donné rendez-vous pour commencer à construire le mini-avion... Vous pensez que je devrai y aller ?
- Oui, je pense, répondit la femme en souriant. Je me doute que tu n'as pas envie, mais tu sais, tu ne feras jamais tout ce que tu voudras dans la vie. Affronte cet ingrat avec la tête haute.
- J'aurais préféré que vous me dissiez le contraire... soupira la jeune fille.
- Désolée de te décevoir ! ricana la vielle.

Puis elle examina le ciel, devenu gris. Un coup de tonnerre retentit au loin.

- On dirait qu'il va se remettre à pleuvoir... La météo s'est trompée. Mieux vaut rentrer, qu'en penses-tu ?
- D'accord !
- Tu prends le goûter avec moi ? Ta mère t’a donné un horaire précis pour rentrer chez toi ?
- Non non, elle ne m'a rien dit, je peux rester avec vous !




***





Sora quitta la maison de madame Laufany vers dix-neuf heure cinquante. Elle n'avait pas vu le temps passer, car à vrai dire, elle adorait parler avec cette vielle femme pleine de conversation. La pluie avait recommencé à battre des cordes. Et cette fois-ci, c'était l'orage, le tonnerre retentissait dans l'infini. Sora se dépêchait de courir pour rentrer à son foyer, en pataugeant dans la boue et en maudissant le temps. Lorsqu'elle arriva chez elle, sur les coups de vingt heure, elle remarqua avec surprise que sa mère et sa sœur étaient figées devant le petit écran de leur télé. Se demandant ce qu'il se passait, elle alla s’asseoir sur le canapé. Sa mère, l'air effaré, lui expliqua la situation :

- Il y a eu un nouvel attentat !
- Où ça ?! S'enquit Sora, alarmée.
- Dans la préfecture du nord, vers Jäen !
- Il y a des blessés ?
- 26 morts et 47 blessés, de ce qu'ils ont dit à la télé, répondit Lina. Ils ont frappés dans un bâtiment législatif.
- C'est affreux... complaignit leur mère.
- Affreux, répéta Lina.

Sora posa ses coudes sur le dossiers du canapé et paca sa tête entre ses mains.

- L'Etat saura nous sauver, évidement. Mais quand cette guerre s'arrêtera t-elle ?
- Peut être quand on saura contre qui on se bat, marmonna Sora sans que personne ne l'entende.
- Changeons nous les idées ! proposa Limissa. Sora, si tu veux manger, il reste de la soupe d'hier ! Ta sœur et moi on t'en a laissé.
- D'accord, merci.

Cette nuit-là, Sora eut beaucoup de mal à s'endormir. De nouvelles personnes étaient décédées par la faute de cette guerre-fantôme. Ces derniers mois, les attentats fusaient, et des gens mourraient pour une cause qu'ils ne connaissaient même pas. On médiatisait les événements pour créer un faux-semblant d'informations, et faire croire aux habitants qu'ils n'étaient pas ignorants. << le monde ne tourne pas rond >>, pensa l'adolescente, << le monde ne tourne vraiment pas rond >>.




***




Le lendemain, il pleuvait toujours. Sora sortit de chez elle en portant une veste à capuche pour se protéger de l’intempérie. C'était la première fois qu'elle se rendait à l'école habillée en civile. La seule raison pour laquelle elle avait accepté le rendez-vous de Jin était parce que madame Laufany lui ait dit de le faire. Elle voyait ce qui allait suivre comme une véritable corvée. L'idée de devoir travailler en compagnie d'une personne semblable lui était répulsive au plus haut point. Elle se demandait ce qui pouvait bien se passer dans la tête des gens comme lui. Réfléchissaient-ils ? Certainement pas d'après elle. Sur le chemin, elle croisa Ren qui remontait la pente difficilement en traînant son vélo.

- Ren ! Qu'est-ce que tu fais ? Demanda Sora, interloquée.
- J'étais descendu apporter des œufs à madame Laufany, m'a mère m'y a obligé ! Aish... je déteste cette vielle folle, elle ne peut pas s'empêcher de me faire la leçon à chaque fois que je vais la voir !

Sora rigola légèrement.

- En fait, l'examen commun, t'es avec qui du coup ? Poursuivit-il.
- Jin Yiran !
- Jin ?! Oh, je le connais bien, il faisait les stages d'entrainement avec moi !
- Ce type est insupportable ! Se plaignit Sora.
- Tu verras, il est plutôt gentil, mais il veut tout faire pour être le meilleur... Alors tu vas devoir bosser.
- Jamais pour lui, objecta la jeune fille. Toi t'es avec qui ?
- Une fille de C1... Nana...euh... je me souviens plus de son nom de famille, admit Ren avec un petit sourire gêné.
- Je connais pas! Bon, je dois y aller, j'ai pas envie de rater mon tram !
- Tu vas où ? S'enquit le garçon.
- Voir Jin, justement.
- Bon courage ! Lui souhaita t-il en reprenant son chemin.
- Merci !

Sora reprit son trajet, le même qu'elle avait l'habitude de faire tous les jours. Cela lui était étrange, car elle n’avait pas coutume de faire ce trajet à ces heures. Lorsqu'elle arriva devant l'établissement scolaire, elle pu voir Jin qui l'attendait, adossé nonchalamment contre le mur de l'école. Lorsqu'il l’aperçut, il s'écria :

- Ah, t'es enfin là !
- Bonjour, répondit-elle froidement.
- Grouille, j'en ai marre d'attendre sous la pluie, dit Jin en s'engageant dans l'école.
- J'arrive ! Répliqua Sora en le suivant.
- T'as vraiment intérêt à travailler, hein !
- Pas la peine de le répéter tout le temps ! Grommela t-elle.

Elle regarda autour d'elle avant de déclarer :

- C'est vraiment grand, dans la partie combat !
- Logique ! Un terrain d'entrainement a besoin de beaucoup plus de place qu'un stupide petit laboratoire !
- ...Toujours aussi respectueux, marmonna la jeune fille.

Ils finirent par arriver face aux hangars. Ils se dirigèrent vers le leur, Jin sortit la clef, et ouvrit la porte en s'exclamant :

- Allez ! Au travail ! Je veux réussir !
- Ca m'énerve déjà, soupira Sora.
- Ecoute, dit-il sur un ton sage, ce n’est pas parce que t'es trop fainéante que je dois être pénalisé, tu comprends ?
- Oui, oui, je comprends... Bon, commençons.

Sora s'étonna à travailler du mieux qu'elle pouvait. Elle commença par la réalisation du plan de base. Elle avançait bien, et pensait qu'elle aurait fini après demain. Ensuite viendrait le moment où il faudrait avouer à son binôme qu'elle n'avait aucune idée de comment améliorer l'avion (ou si elle en avait, elle ne savait pas comment les réaliser). A côté d'elle, Jin lui racontait toutes ses ambitions qu'elle n'écoutait qu'à moitié. Parfois, il l'aidait. Ou du moins il faisait ce qu'il pouvait. Sora se mit à le comparer à un enfant de trois ans.

- J'espère vraiment que je vais gagner cette course !
- Qu'est-ce que ça t'apporterait ? L'important, c'est que tu ailles une bonne note, non ?
- J'ai fait un pari avec mon meilleur ami, Kolg ! J'ai parié que j'arriverai premier ! s'exclama-t-il, plein d'entrain.
- Je vois... répondit à peine Sora, trop concentrée sur ce qu'elle était entrain de faire.
- Mais c'est sûrement le genre de truc qui ne t'atteint pas, vu que tu te fiches de tout ! Répliqua t-il sur un ton méprisant. Je me demande bien quels genres de trucs peuvent t'intéresser.

La jeune fille, alors très appliquée à ce qu'elle faisait à ce moment, se stoppa net. Elle regarda Jin dans les yeux.

- Quels genres de trucs peuvent bien m'intéresser ? Mais Jin, je m'intéresse au monde, moi ! Qu'est-ce que les gens comme toi on le dont de m'exaspérer ! Si on ne veut pas être premier partout et qu'on se fiche de l'école, ça veut dire qu'on s'intéresse à rien ? Réfléchis ! Je ne suis pas entrain de dire que je fais bien en me contrefichant de mes résultats ou quoique ce soit... Mais est-ce que tu réfléchis à ce qu'il se passe ? Des gens sont morts hier ! Des soldats meurent tous les jours ! Pour une guerre dont on ne sait rien, RIEN. Mon frère est peut être mort à l'heure qu'il est et on est même pas au courant ! Et puis, qu'est-ce qu'il s'est passé pour que le monde se mette à geler ? Est-ce que ça t'est déjà venu à l'esprit ?
- Calme, calme ! Pas la peine de t'énerver ! Explique moi, pourquoi se poser toutes ces questions ? On n’est pas concerné ! Et puis l'état gère tout ça à merveille.
- Il paraît évident que l'état ne nous dit pas toute la vérité, ou qu'on nous ment carrément. Et puis moi, je veux réfléchir, je veux penser par moi-même. Regarde-toi ! L'an prochain, lorsque tu seras diplômé en combat... tu vas devoir partir, mais tu ne sais même pas où !

Jin se contenta de soupirer, ne sachant pas quoi dire de plus. Sora se remit au travail en se taisant, il régna une ambiance de mort. Ils restèrent au hangar jusqu'à dix-neuf heures avant de repartir chez eux. La jeune fille était satisfaite que la journée soit finie. A présent, il n'y en restait plus que cinq avant le jour J. Elle culpabilisait légèrement de ne pas être à la hauteur, car elle savait que son binôme voulait réussir à tout prix. Toutefois, se dit-elle, on peut dire qu'il le mérite.


Il faisait partie de ces gens qui ne réfléchissent plus.


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MessageSujet: Re: Etoile Argentée   Etoile Argentée Icon_minitime1Mar 13 Aoû 2013 - 1:42


Chapitre deux : uranium 235 + plutonium 239.[/b][/center]




Aujourd'hui était le vingt-troisième jour du mois de mars, et comme tous les ans, les élèves d'avant dernière année de Finale allaient devoir s'adonner à l'examen commun. Par chance, la pluie s'était arrêtée, car si cela avait continué, l'examen se serait vu reporter. Dans le ciel, le soleil laissait penser à une immense pépite d'or, irradiant cette douce matinée de printemps. Pour Sora, la journée commençait comme toutes les autres. Elle entreprit le rituel du matin, avant de rejoindre son ami Ren, qui l'attendait au croisement du chemin. Le garçon ne pouvait contenir son enthousiasme et son exaltation. C'est avec un sourire rayonnant que tout le long de la route, il se venta du merveilleux engin que sa binôme avait confectionné, et des idées qu'il avait eu pour rendre la création encore plus efficace. Il s'imaginait les événements de la journée en exultant. Sora souriait en l'écoutant, se rappelant qu'elle l'avait toujours connu ainsi, corps et âme plongés dans ce qu'il faisait, et elle espérait sincèrement que l'examen se déroulerait à merveille pour lui. Lorsqu'ils atteignirent l'établissement, il régnait une ambiance légère et festive. Des pancartes avaient été placé pour indiquer aux élèves ce qu'ils devaient faire. La matinée était réservée à l'examen des mini-avions, et l'après-midi à la course et ses préparatifs. Avant de pouvoir concourir, les professeurs vérifiaient que la base de l'engin avait été bien installée, et qu'il n'y avait pas de danger à le faire voler. Ainsi, certaines paires se faisaient recaler dès le début. Sora pria pour que cela n'arrive pas au sien.
Ren rejoignit directement sa binôme, déjà arrivée. C'était une jolie blonde nommée Nana, renommée dans toute l'école pour son physique avantageux que beaucoup de filles lui enviaient, Sora y comprit. Ren, en ayant la chance de tomber sur elle, avait fait nombre de jaloux. Toutefois, ce dernier ne semblait absolument pas voir sa binôme comme le reste de la gente masculine, et pas une fois il n'avait essayé de l'approcher autrement qu'en tant que partenaire. Sora, comme à son habitude, alla rejoindre le banc près du distributeur automatique. Elle s'y assit nonchalamment et sortit son téléphone de son sac pour vérifier l'heure qu'il était. Elle avait pris soin de le fixer, et espérait grandement qu'il ne se dérègle pas à nouveau, même si elle savait que c'était inévitable.
Elle espérait que Jin ne tarde pas trop. Pendant toute la semaine qui s'était écoulée précédemment, Sora s'était vue contrainte de travailler d'arrache-pied. Au milieu de tout leurs différents, ils avaient finit par réussir à trouver un moyen simple d'améliorer leur avion. Ils avaient introduit un deuxième moteur auquel ils avaient décidé de démultiplier les capacités. Au milieu de la course, Jin devra appuyer sur un bouton pour l'enclencher. Toute fois, comme cela usera beaucoup d'essence, ils avaient prévu des ailes en toiles inspirées de celles des voiliers, qui permettraient à l'avion de voler jusqu'à la ligne d'arrivée grâce à la vitesse prise au moment de l'accélération. C'était un concept très basique, mais qui avait l’avantage d'être maîtrisé par Sora.. Elle soupira, elle savait que certains avaient dû confectionner de véritables avions de chasse à leur binôme. Si elle se fichait totalement de ses résultats scolaires, elle savait pertinemment que cela comptait énormément pour Jin, et ne pouvait pas lui souhaiter la défaite. Et puis, après une semaine passée avec lui, même si elle le considérait toujours comme les plus imbus de lui-même et le plus exaspérant des garçons du monde, il n'avait certainement pas que des défauts. Elle s'était même surprise à apprécier sa présence, quelques fois. De plus, elle serait très insatisfaite si toutes ces heures de labeurs s'avéraient vaines. Quitte à cela, elle aurait autant préféré rester chez elle. Quoiqu'il en soit, elle se rassurait en se disant que lorsqu'elle rentrerait chez elle ce soir, tout serait enfin fini. La plus horrible étape de l'année serait conclue, elle pourrait reprendre son quotidien usuel, certes barbant mais lénifiant. Alors qu'elle repensait à tout les événements de la semaine précédente, elle entendit des pas retentirent dans le couloir. Elle tourna la tête et pu apercevoir son amie Runa, lui souriant et la saluant d'un signe de la main.

- Soraaaaa ! Comment tu vas ? demanda la rousse en s'asseyant sur le banc à son tour.
- Plutôt bien. Et toi ?
- Je suis heureuse que ça se finisse bientôt ! chantonna t-elle.
- Et moi donc ! s'exclama son amie.
- Je crois que j'ai vu ton binôme, tout à l'heure en passant dans la cour principale, l'informa t-elle en sortant un paquet de gâteaux de son sac.
- Ah... lui... soupira t-elle.
- Faudrait peut-être que t'ailles le voir, non ? Comme ça vous pourrez faire vos machins le plus tôt possible, dit-elle la bouche pleine.
- J'ai pas vraiment envie d'aller le voir, avoua Sora avec un air gêné.
- Pourquoi ? Parce qu'il est con ? Moi, j'aurai préféré l'avoir lui que la mienne...
- Ah bon ? s'étonna la jeune fille. Pourtant, je pensais qu'elle était sympa ! Qu'est-ce qui peut te faire préférer avoir un ingrat comme lui pour binôme ?
- ...Parce qu'il est beau, lâcha t-elle après une légère hésitation.
- Ah...je vois... Sérieusement, Runa, tu penses toujours comme ça ! s'exclama Sora en ricanant.
- Mais c'est pas juste ! J'ai l'impression que tous les beaux garçons sont dans les autres classes. Nous on a qui ? Roll ? Hillbert ?
- C'est vrai... acquiesça la jeune fille.
- C'est une des seules raisons qui pourraient me donner envie de travailler pour quitter la D3, dit Runa en reprenant un nouveau gâteau.
- A ce point ? Pas moi...

La rousse hocha la tête.

- Voyons voir... réfléchit Sora. Dans notre classe, y'a Kahan qui est pas trop mal, non ?
- Ça va... mais bon, bof, hein.
- En tout cas, si tu veux l'autre, je te l'offre directement, soupira la fille. Il est certes beau mais vraiment insupportable, j'aurais jamais cru en croiser un comme ça dans ma vie. Sinon, on a quoi à faire avant que les profs viennent examiner nos avions ?
On doit juste passer au hangar pour vérifier que tout est bien en place. On est pas obligés, il me semble, mais il vaut mieux le faire.

Le portable de Runa se mit à vibrer. Elle sortit l'objet de la poche de son blaser et lu le message qu'on lui avait envoyé avant d'annoncer :

- Ah ! C'est ma binôme ! Elle me dit qu'elle est arrivée, il va falloir que j'y aille ! Elle se leva et poursuivit : Bon courage, tu devrais y aller aussi !
- Merci. Je vais le faire, t'inquiète pas ! A tout à l'heure !

La rousse lui répondit par un signe de la main, et partit en sautillant. Sora la retrouvait parfaitement dans la conversation qu'elles venaient d'avoir. Insouciante, aimant parler de sujet légers dits "sans importance". Sora attendit que son amie ne disparaisse avant de décider de rejoindre Jin. S'il était dans la cour principale comme Runa lui avait dit, c'est qu'il devait sûrement être entrain de parler avec sa ribambelle d'amis. Cela la gênait un peu de se dire qu'elle allait devoir aller le chercher devant toutes ces personnes inconnues. Elle n'avait pas pour habitude de se rendre à la cour principale, car il y avait trop de monde, surtout lors des périodes froides.
Les élèves la surnommaient << cour principale >>, mais ce n'était en réalité qu'une sorte de grand hall fermé, la première pièce dans laquelle de l'imposant établissement dans laquelle on arrivait. Sora, qui se rapprochait de la salle, entendait le bruit des conversations qui fusaient de tous les côtés. Elle se retrouva face à la grande porte, et chercha Jin des yeux. Elle ne le trouva pas de premier abord, mais finit par l'apercevoir au bout de quelques instants. Comme elle l'avait prévu, il était au centre d'une discussion avec tous ses amis, s'esclaffant bruyamment. Elle avala sa salive, anxieuse, avant de se lancer : elle traversa la pièce et se placa près de son binôme, qui lui tournait le dos et que ne l'avait aucunement remarquée.

- Hum... Jin ? fit-elle d'une petite voix.

Le garçon ne l'entendit pas. Sora se répétât, avec un ton plus agacé.

- Jin !

Il ne la remarqua toujours pas, ce qui eu le de l'énerver. Elle décida de prendre le taureau par les cornes et agrippa l'uniforme du garçon en répétant son nom avec plus d'ardeur. Tous se retournèrent. Les amis de Jin la regardèrent avec des yeux ronds, se demandant de qui il pouvait bien s'agir.

- C'est toi, Sans-cerveau ? s'étonna le garçon. Il y a des manières plus polies pour se faire remarquer des gens, tu sais ?
- Je t'ai appelé poliment plusieurs fois, mais tu n'as pas répondu, lui répondit calmement Sora.
- Aish... J'ai pas dû t'entendre... Qu'est-ce que tu veux ?
- Dis, Jin, c'est qui cette fille ? demanda un garçon plutôt petit aux cheveux châtains.
- Ah oui, c'est vrai, je vous l'ai pas présentée ! Et bien, voici ma binôme, Sora ! Je la surnomme Sans-cerveau, ricana t-il.

La jeune fille, ne sachant quoi répondre, se contenta d'un léger signe de la tête.

- Elle est timide ! déclara Jin, pour expliquer le silence de son interlocutrice.
- C'est pas vrai ! rétorqua-t-elle.
- Alors, voici Kolg, celui qui a demandé qui tu étais, puis de droite à gauche, Avalto, Yard et Mike !
- C'est une naine ? ironisa celui que Jin avait présenté comme étant Mike.

Sora le fusilla du regard sans oser répliquer, et Jin ricana à la blague de son ami.

- Elle est toute petite, hein ? renchérit ce dernier en appuyant son coude sur le crâne de Sora.
- Jin, il faut qu'on aille au hangar pour vérifier si tout est en place, répondit-elle sèchement en se dégageant de lui.
- Ah ! Ca... C'est vrai que c'est mieux de le faire... Mais, attends, ça veut dire que tu t'inquiètes pour notre projet ? fit-il l'air malicieux.
- Tais toi juste et viiiiiens ! grogna t-elle en l'agrippant par le bras pour le faire bouger.

Sora s'en alla à toute vitesse, tirant Jin par l'avant-bras. Elle bouscula quelques personnes auxquelles elle ne fit que quelques vagues excuses. Sortie de la cour principale, elle lâcha son binôme, qui s'exclama :

- T'es si pressée ?!
- Plus vite ce sera fait, mieux je me porterais !
- Bla bla bla... Eheh, t'as pu rencontrer mon meilleur ami ! C'est avec lui que j'ai fait le pari ! dit-il sur un ton enjoué.
- Merveilleux, répliqua Sora sèchement. T'as les clefs ?
- Bien sûr que je les ai !
- Bien. On va où à partir de là, déjà ? J'arrive pas à me retrouver dans le bâtiment de combat... avoua Sora avec un petit sourire gêné.
- Toujours pas ? Ca fait une semaine que c'est le même chemin, pourtant ! ...T'as pas des problèmes d'orientation ? demanda t-il avec un air moqueur.
- On s'en fiche ! s'énerva la jeune fille en croisant les bras. C'est par où ?
- Par là ! dit-il en montrant le chemin du doigt.

Ils continuèrent de marcher en se taisant. Sora, se sentant embarrassée d'avoir dû traîner Jin ainsi au beau milieu de la cour principale, était devenue particulièrement irritable. Ce serait sûrement passé dans quelques instants, mais elle savait que pour le moment, il valait mieux qu'elle se taise plutôt qu'elle continue de mal répondre à son pauvre binôme. Lorsqu'ils se trouvèrent au sein de leur hangar, Sora ouvrit rapidement l'avion pour faire vérifications, certes inutiles car elle en avait déjà fait plusieurs, mais toujours rassurante. Elle souffla de soulagement en se disant que tout était réglementaire, puis referma le capot de l'engin avant de s'asseoir dessus. Elle se demanda ce que leur création allait bien pouvoir advenir lorsque la course serait finie. Le démonterait-on pour réutiliser les pièces ? Ou bien on le démolirait ? Elle réfléchit quelque instants avec un air songeur, avant d'annoncer à son partenaire :

- J'ai envie de faire un truc.
- Quoi donc ? l'interrogea t-il, intrigué.
- J'aime bien cet avion... confessa Sora.
- ...Et alors ? Qu'est-ce que tu veux faire ?
- Je vais graver mon nom dessus, déclara t-elle en allant chercher un tournevis dans la boîte à outils.
- Pourquoi tu veux faire ça ? demanda le garçon sur un ton ahuri.
- Je sais pas trop... Je m'y suis attachée.
- Tu t'es attachée à un avion ? ...Aish, t'es vraiment foutue, se moqua t-il.

Sora examina la machine pendant quelques secondes avant de s'exclamer :

- Je vais le graver sur l'aile !

La jeune fille commença alors à y incruster maladroitement son prénom à l'aide de la pointe du tournevis. Après avoir terminé, elle contempla son travail pendant un cour instant.

- On dirait l'écriture d'un maternel, conclut-elle.
- Attends ! Moi aussi je veux marquer mon prénom ! Ou on va croire que cet avion est plus à toi qu'à moi ! Protesta Jin.

Il arracha le tournevis des mains de sa binôme, cette dernière le regardant d'un air perplexe. Ne s'était-il pas moqué d'elle il y a à peine quelques minutes, lorsqu'elle avait annoncé son idée ? Il se mit à graver son prénom à son tour. En le voyant faire, Sora se conforma dans l'idée qu'elle avait eu de lui, quelques jours auparavant : c'était un enfant de trois ans, pas plus.

- Toi aussi, on dirait l'écriture d'un maternel, constat la jeune fille.
- Qu'est-ce que tu racontes ? C'est très bien comme ça ! affirma t-il fièrement.
- Comme tu veux...
- Dis, et si les inspecteurs le voient ? s'inquiéta t-il.
- Personnellement, c'est pas mon problème, mais je pense pas qu'ils le prendront en compte. Y'a rien de dangereux par rapport au fonctionnement. Ils trouveront juste ça ridicule, dit Sora en s'adossant contre le mur.
- Hé, mais, j'ai pas envie d'avoir l'air débile ! s'emporta t-il.
- T'avais qu'à pas marquer ton nom juste pour dire "cet avion est autant à moi qu'à elle", alors, répliqua Sora d'un air affligé.
- Aish... Je suis trop con, soupira t-il en passant une main dans ses cheveux.
- Bon, vu que tout est en règle, on y va ?

Elle tourna les talons sans attendre la réponse de son binôme. Alors qu'elle s’apprêtait à partir, ce dernier la retenu soudainement.

- Attend ! Tu sais, j'ai réfléchi à ce que t'as dit mardi !
- Vraiment ? s'étonna Sora avec un regard douteux.

Le garçon hocha la tête.

- Et qu'est-ce que tu en as déduis ?
- Que c'est hautement anti-gouvernemental et contre le Parti. Mon père est de la police politique, je pourrais te dénoncer. Mais je ne vais pas le faire.
- Ah oui ? Et que me vaut cet honneur ?
- Je dénonce pas mes amis, pas même les sans-cerveau.

Sora se raidit en entendant le mot << ami >>.

- Quoiqu'il en soit, poursuivit-il, tu ferais mieux de pas répéter ça à tout le monde, tu pourrais avoir des problèmes.

Elle hocha timidement la tête. Il s'installa un silence particulièrement inconfortable. Sora ne savait que faire. Elle avait été intimidée par l'appellation << d'amie >>, puis le conseil bien veillant l'avait achevée. << Je suis pathétique, pensa t-elle, ma vie sociale est un tel néant que je suis troublée lorsque l'on agit amicalement avec moi >>. Elle tenta de récupérer sa crédibilité en trouant le creux qui s'était installé dans la conversation.

- C'est tout ce que tu as à dire ?
- Non, répondit-il.
- Ah. Et qu'as-tu à dire d'autre...?
- Ben, tu peux dire que personne s'intéresse à la guerre et à la culture bidule machin , mais toi t'es pas mieux. T'as peut être tes idées mais tu restes passive. Est-ce que t'essayes seulement de faire quelque chose ?
- Est-ce que je peux seulement faire quelque chose ? objecta t-elle. Il faudrait directement s'en prendre à l'état et sa manière de gouverner ! - Pour y arriver, il faudrait qu'on soit des milliers, et je suis seule.
- Quelle bonne excuse. Moi, si je voulais vraiment quelque chose, même tout seul, je foncerai.
- Et tu crois quoi ? T'arriverai à rien !
- Et pourquoi pas ?
- Parce qu'une personne seule ne peut rien faire face à une organisation aussi puissante que le gouvernement ! Tenta t-elle de le raisonner avec agacement.
- Mais... En attendant t'essayes même pas !
- Rah, t'es vraiment ridicule ! Complètement !
- Et c'est moi qui suis ridicule ?! s’énerva t-il. C'est pas moi la débile de D3 asociale et désagréable, qui s'occupe de trucs inutiles dont tout le monde se fout !

Sora lui lança un regard stigmatisant, et s'en alla dans un élan de haine. Jin lâcha un soupire méprisant. La jeune fille fit le chemin du retour et alla s'asseoir sur le banc près du distributeur automatique. Dans son esprit, les paroles de Jin devenaient des lames acérées. << Il est stupide, de toute manière >>, se rassura-t-elle. Elle décida de penser à autre chose, et sortit un livre de son sac. Sora n'aimait pas les histoires qui se racontaient dans les romans, car d'après elle, elles se ressemblaient toutes. On parlait toujours d'un jeune héros de la nation vaillant et fort, s'en allant combattre les forces ennemies dites "anti-gouvernementales", qui finissait toujours par gagner pour montrer "l'exemple à suivre" aux jeunesses lectrices. Toutefois, l'écriture, la manière de faire sonner les mots ensemble, c'est ce qui la passionnait. Tout les livres pouvaient raconter la même histoire, tant que l'auteur serait différent, les mots s’assembleront en un récital singulier. La jeune fille se laissa porter par le courant des syllabes et par l'art du langage, plongeant son esprit dans l'océan majestueux qu'était la Littérature.




***




- Heeey ! Sora !

La jeune fille ôta ses yeux de son livre en sursaut. En face d'elle, son amie, Runa, semblait s'impatienter. Sora ne comprit pas, et regarda la rousse sans savoir que répondre.

- Dépêche toi ! Tu vas louper le début de la course !
- Le début de la course... mais, il est quelle heure ?! Demanda-t-elle les yeux ronds d'étonnement.
- Quatorze heures ! Sérieusement, ce truc est hypnotisant avec toi ! Dit-elle en lui prenant le livre des mains.

Sora n'en croyait pas ses yeux. Elle reprit le livre à son amie, et le rangea dans son sac avec hâte. Elle se leva du banc avant de se rendre compte d'un détail.

- Mais tu sais où c'est, au moins ?
- Tu vois un autre endroit que le gigantesque terrain avec une tour de plusieurs dizaines de mètres plantée au milieu qui permet de contrôler les bidules aériens pour une course d'avion ? Même en filière science, c'est quand même le genre de truc que tu peux pas rater.
- ...Te moques pas de moi.
- Allez, dépêche, ils y sont déjà tous !

Les deux filles s'engagèrent dans les couloirs à présent vides à toute vitesse. Arrivées au stade, elles gravirent les éternels escaliers qui menaient aux immenses plate-formes où se trouvait la foule. En effet, le stade étant réservé à l’aéronautique, au lieu de basiques gradins, on avait fait surélever de grandes plate-formes de manière à ce que l'on puisse voir ce qu'il se passait. Au centre du lieu de course, dominait une immense tour blanche, dans laquelle seulement les personnes autorisées pouvaient y rentrer. On l’appelait la "tour de contrôle", car c'était de là que le personnel vérifiait que tout se passait à merveille -ou non. Au sommet s'y dressait un grand écran où se trouveraient la photo, le nom et le numéro d'équipe des cinq candidats en tête. Au dessous de cet écran, il y avait une grande baie vitrée faisant tout le tour du bâtiment, qui permettait d'observer ce qu'il se passait, en plus des quelques caméras placées de manière à épier chacun des mouvements des candidats. Sora espérait voir Jin passer en tête du grand écran, même si elle savait qu'avec l'avion miteux qu'elle lui avait confectionné, ce serait difficile. Elle se demandait surtout si sa création était dans la norme et qu'on l'avait autorisé à concourir. Si elle avait vu le temps passer, elle aurait été demander.
L'écran s'alluma, laissant place au visage d'une femme que Sora ne reconnaissait pas, même si elle faisait certainement partie du corps enseignant de l'école. Elle annonça aux participants qu'ils pouvaient à présent s'avancer vers la ligne d'arrivée. Un tonnerre d'applaudissements et d'encouragements se fit entendre au moment où les avions sortirent du grand garage à la porte gigantesque, qui donnait directement vers le départ. Sora chercha celui de Jin du regard. Il était difficile d'arriver à voir un avion en particulier au beau milieu de tous ce tas d'engins. De plus, la plate-forme où se trouvaient Sora et Runa était trop mal placée. Elle finit néanmoins par l'apercevoir, et en fût grandement soulagée : ils allaient pouvoir concourir. La femme annonça les règles (même si tout le monde les connaissait déjà), sa voix amplifiée et retransmise par les micros plats qui se trouvaient tout autour de la tour. Puis le grand moment arriva.
Sur l'immense écran s'afficha le chiffre trois. La tension monta d'un cran.

Puis le chiffre deux. On entendit certains candidats commencer à faire chauffer leur moteur.

Le chiffre un. Tout le monde retint son souffle en attendant la seconde suivante.

Puis s'afficha le mot << PARTEZ >>, et tous les avions mirent les gaz sous un ouragan d'applaudissements et de cris.

De là où elle était, Sora n'arrivait pas à entendre ce que Runa lui disait, tellement les hurlements d'encouragement se faisaient forts et incessants. Les avions allaient à toute vitesse. Chacun des candidats souhaitaient gagner à tout prix. Pour cela, il fallait être le premier à finir trois fois le circuit du stade. Trente secondes après le début de la course, les candidats en tête s'affichèrent sur le grand écran. Il n'y avait pas de surprise, tous étaient des personnes que le tirage au sort avait sans le vouloir largement avantagé. On pouvait entendre le bruit des moteurs grondants, propulsant les avions à une vitesse folle, qui créaient des vagues de vent en passant vers le public éblouit. Les minutes passaient, et la plupart entamaient leur deuxième tour, alors que les premiers en étaient déjà à la moitié du troisième. La tension était palpable, car les deux candidats en tête étaient au coude à coude. L’effervescence des spectateurs redoubla. Tous assourdissaient Sora qui, n'arrivant pas à se prendre au jeu, commençait à se lasser de toute cette comédie. Seule au milieu de tout ce remue-ménage, elle décida de s'accouder tranquillement sur la barre de sécurité, en attendant la fin du spectacle.

Avant de se rendre compte qu'il n'y en aurait pas.

Un grondement assourdissent retentit dans le stade. L'esprit de Sora n'eu le temps que de quelques secondes pour réfléchir : une bombe, un attentat ! Il y eu un très court moment d'hésitation avant que plusieurs cris ne retentissent et que toutes les personnes présentes ne se mettent à courir. Un nuage de fumée embruma la tour de contrôle, alors que celle-ci se mit à dégringoler. Sora sentit l'étreinte de la main de Runa qui tirait son poignet pour fuir. Les cris de joie s'étaient transformés en hurlements d'horreur. La tour despotique s'effondrait avec toutes les personnes qu'elle contenait. Les énormes débris percutaient les avions dont les conducteurs étaient complètement affolés. Certains d'entre eux étaient déjà au sol, touchés par l'explosion même. Les spectateurs fuyaient. Tous se dirigeaient à toute allure vers la sortie bouchée par le monde. Des morceaux de tours heurtaient les plates-formes, et les gémissements se faisaient plus ardents.
Les adultes tentaient de crier aux élèves de garder leur calme, alors qu'eux même se ruaient vers la sortie. Les gens se rentraient dedans. Tous étaient aveuglés par la poussière qui, de sur-croix, les faisait tousser sans répit. Runa se frayait difficilement un chemin pendant que Sora la suivait désespérément, le poignet fermement serré dans la paume de son amie. Elle se retourna rapidement vers le stade, se demandant si Jin et Ren étaient toujours en vie à l'heure qu'il était. Elle eu envie de pleurer, mais le moment n'y était pas. Runa l’entraînait toujours au milieu de cette marrée de personnes affolés, et dans l'espace de ce qui fût quelques instants, elles se trouvaient face à la porte du stade.
Elles descendirent les escaliers qu'elles avaient déjà emprunté plus tôt à toute vitesse, et s'engagèrent dans les couloirs sans ralentir le pas, avant de débouler dans la cour principale. Elles se sentirent enfin en sécurité. Étrangement, elles n'avaient pas osé s'arrêter plus tôt, effrayées et chamboulées par les événements. Les deux jeunes filles échangèrent un regard troublé. Avaient-elles bien vécu ce à quoi elles venaient d'échapper ? Cela leur paraissait impossible. Ce genre de scénario, c'est celui qu'on voit aux informations, celui qu'on écoute à la radio ou qu'on lit dans de le journal, mais certainement pas celui que l'on s'imagine vivre un jour. Autour d'elles, les gens continuait d'arriver, ou pleuraient, restaient muets, tentaient de se rassurer... Sora et son amie continuèrent de se regarder pendant quelques secondes sans rien dire, le souffle coupé. Soudain, des larmes se mirent à perler sur les joues rouges d'épuisement de Runa. Sora, désemparée, se sentit pleurer à son tour. Elle contempla son amie, impuissante, avant que cette dernière ne s'accroupisse, cachant ses yeux et hurlant ses pleurs.

Le chaos.



Cela ne faisait que trois heures à peine que s'était produit l'explosion. Sora, toujours chamboulée par les événements, était allée se rincer le visage aux toilettes. Runa avait quant à elle préféré rester assise dans un coin de la cour principale à attendre. Elle contempla son reflet dans le miroir pendant quelques instants : ses yeux rougis par les larmes étaient tellement gonflés qu'ils lui donnaient un air de grenouille. L'idée de rejoindre Runa dans la cour principale lui parcourra l'esprit, mais rester cloîtrée dans cette pièce bondée de monde à l'ambiance funeste ne l’enchantait guère. Elle se doutait qu'au moment où elle pensait, tous devaient sangloter en espérant le retour saint et sauf de leurs proches. La jeune fille sortit des toilettes, et ne savant que faire, entreprit de vagabonder dans les couloirs. Elle se sentait comme une âme en peine, comme un fantôme avançant au milieu des allées sans but. Au détour d'un angle, elle aperçut la silhouette svelte et élancée de Nana, la jolie binôme de Ren. Sora pensait alors passer décrocher un mot, mais c'est avec surprise que la blonde l’interpella.

- Eh ! Yim Sora ?

La concernée se retourna brièvement avant de hocher la tête, le visage interrogatif. Elle ne se risqua pas de dire quoique ce soit qui pourrait la faire mal voir, impressionnée par le charisme que dégageait la personne qui se trouvait en face d'elle.

- Je suis la binôme de Ren, je me rendais à l'infirmerie pour voir si il va bien. Tu es proche de lui, n'est-ce pas ?
-O-...Ouais, balbutia t-elle les yeux rivés sur le sol.
- Tu veux m'accompagner ?
- Pourquoi pas... répondit-elle timidement en suivant Nana qui commençait déjà à reprendre son chemin vers l'infirmerie. Mais... dis moi, comment tu sais qu'on se connait ?
- A ton avis ? Demanda la blonde l'air déconcerté. Ren me l'a dit !
- Il te l'a dit ?! Il a vraiment osé te parler de moi ? s'étonna Sora.
- ...Pourquoi ne l'aurait-il pas fait ? Il m'a raconté que vous étiez voisins et que vous vous connaissiez depuis longtemps.

Sora n'en revint pas. Ren avait vraiment osé parler de leur amitié à quelqu'un ? Le même Ren qu'elle connaissait ? Un sentiment de joie l'envahit soudain, et si Ren avait était présent, elle l'aurait serré dans ses bras. Les couloirs qui menaient à l'infirmerie de la filière combat semblaient faire des kilomètres. Les deux jeunes filles passèrent devant les salles de classe, où l'on enseignait la méthode aux combattants, puis devant l'administration, où la secrétaire blafarde et léthargique feuilletait les pages d'un magazine féminin. Puis, arrivées tout au fond du bâtiment réservé à la filière de combat, elles se trouvèrent devant les portes de l'infirmerie. Une dizaine d'élèves étaient entassés devant, l'air soucieux. Elles poussèrent les portes battantes et pénétrèrent dans ce qui se trouvait être une petite salle d'attente. En effet, l'infirmerie de la filière de combat ne ressemblait en rien à celle qui se trouvait dans le bâtiment de la filière scientifique. A elle seule, elle formait une sorte de minuscule hôpital. Elle suffisait à donner des soins primaires, mais pour les cas les plus graves lorsqu'il y en avait, on les portait directement à l'hôpital de la ville. Les deux adolescentes allèrent rejoindre la queue qui faisait attendre devant le bureau des secrétaires, débordées par le monde et les appels des parents. En écoutant l'un d'entre eux, Sora sortit son portable de son sac.

- C'est bizarre que ma mère n'ai pas appelé... constata t-elle.
- Elle ne doit pas encore être au courant, expliqua Nana. Les parents qui appellent ont dû être prévenus d'une manière ou d'une autre... Par des amis de leurs enfants, peut être ?

Sora hocha les épaules en guise de réponse.

- Tu devrais peut être prévenir ta maman, tu crois pas ? Suggéra la blonde.
- Je l’appellerais quand on sera sorties de l'infirmerie. Toi, tu vas les appeler ?
- Qui ça ? Mes parents ?
- Oui.
- Je ne pense pas.
- Pourquoi ? Demanda Sora alors que la queue avançait.
- Je n'habite plus chez eux, expliqua t-elle en souriant.
- Vraiment ? S'étonna Sora.
- Oui, vraiment.
- Alors... où ? Osa la jeune fille.
- Dans un petit studio en ville, avec mon frère.

Comme Nana ne semblait pas avoir l'envie de donner plus d'information, Sora se tût. La queue continuait d'avancer, et en quelques minutes vint leur tour. La blonde d'approcha de la secrétaire et lui demanda si un certain Ren Makk était en bonne santé actuellement. Après avoir vérifié sur son ordinateur, la secrétaire leur informa qu'il allait bientôt sortir. Avec chance, il faisait partit des élèves classés en << Peu de dégâts physique >>, et qui avaient juste à passer un rapide contrôle pour s'assurer qu'il n'avait rien de grave. Nana poussa un soupir, rassurée. Les deux jeunes filles sortirent de la queue puis de l'infirmerie, et la blonde annonça à Sora qu'elle devait à présent retourner voir ses amis dans la cour principale, soucieuse de leur moral. Elle lui demanda de dire à Ren de passer la voir quand il sera sortit, et Sora acqueisca d'un signe de la tête. Elle regarda donc Nana s'en aller de sa démarche assurée, pendant qu'elle s'adossait contre le mur, au milieu de la dizaine d'autres élèves qu'elles avaient vus en arrivant. A chaque fois que les portes battantes s'ouvraient, les yeux se rivaient sur les personnes qui en sortaient, espérant voir passer un visage familier. On enviait ceux qui finissaient par voir arriver leurs proches, et on attendait son tour intensément. Plus par ennuie que par peur, car si on attendait son ami à l'infirmerie filière combat de l'école, c'est qu'il n'était pas mourant, sinon il aurait été transporter à l'hôpital. Toute fois, les mines déconfies donnaient l'impression d'assister à un enterrement. Sora espérait que la secrétaire avait raison, et qu'il ne tarderait pas à sortir. Elle dû attendre une vingtaine de minutes avant qu'il ne finisse par se pointer, un plâtre en écharpe au bras droit. Dès que Sora le vit, elle alla le rejoindre.

- Ah ! Tu es enfin là ! s'exclama la jeune fille.
- Oh ! Sora ?! S'étonna Ren. Tu m'attendais ?
- Oui, je t'ai attendu ici ! Déclara t-elle. Mais tu es blessé ! Tu vas bien, t'as pas trop mal ?
- Ca va ! J'ai évité une gros morceau de la tour de prés. Il était presque à moins d'un mètre de mon avion ! Expliqua t-il avec une pointe de fierté. J'ai eu de la chance de pas mourir.
- Mais comment tu t'es fait ça ?
- Bah en fait, un autre avion est rentré en collision avec le mien, et je me suis retrouvé expulsé contre une des parois à l'intérieur. Le choc a été assez brutal et j'ai voulu amortir avec les bras, et je me suis cassé l'un des deux !
- Tu as eu de la chance de n'avoir que ça ! répondit-elle en souriant. Je suis contente que tu sois saint et sauf, Ren !
- Et moi donc !
- En fait, ta binôme, Nana... Elle m'a dit qu'elle voulait que tu ailles la voir ! Elle m'a accompagné à l'infirmerie jusqu'à ce qu'on sache que tu ailles bien. Je suppose qu'elle s'inquiète.
- Ah bon ? Tu sais où elle est ?
- Elle m'a dit qu'elle allait retourner dans la cour principale. J'ai une amie que je dois aller rejoindre là-bas, alors je t'accompagne !
- Ok ! Accepta t-il d'un ton enjoué. Allons y !

Ren et Sora commencèrent à se diriger vers la cour principale. Le garçon racontait ses impressions quand à la bombe, et Sora l'écoutait, toujours impressionnée parce qu'il s'était passé. Quand ils arrivèrent, Runa accourra vers son amie, ne lui laissant même pas le temps de la rejoindre.

- SORA ! Je t'ai cherché !
- T'as l'air affolée, ça va pas ? demanda t-elle avec un air perplexe.
- Les portes ! Elles sont fermées !
- ...Hein ?
- On peut plus sortir de l'école, on est en huit-clos !

Ren et Sora échangèrent un regard troublé. Ils avancèrent jusque devant la sortie bloquée de l'école, où s'étalait une immense foule d'élèves ne demandant qu'à pouvoir retourner chez eux. Tous semblaient complètement déboussolés. D'abord une bombe, puis on les enfermait dans le bâtiment. L'atmosphère était écrasante, nul ne savait pourquoi tous ces événements cataclysmiques s'enchainaient. Si il y avait bien une journée où Sora n'aurait pas voulu se réveiller, à coup sûr, c'était celle-ci.

- C-...Comment ça se fait ? demanda Ren avec une voix tremblante.
- Personne ne sait ! répondit la rousse. On est tous bloqués ici mais personne ne sait pourquoi !
- C'est vraiment pas rassurant...
- Qu'est-ce qu'on essaye de nous faire...? murmura Sora, désarçonnée.
- Ca a sûrement un rapport avec la bombe, déduit Runa.
- Je pense aussi. Enfin ce serait plus logique... acquiesca Ren, l'air peu sûr.
- C'est... trop stressant. Je vais aller au banc vers le distributeur, ok ? dit la jeune fille aux cheveux châtains. J'ai besoin de décompresser.
- Ok...je comprends, répondit Ren.
- Moi aussi ! affirma la rousse avec un grand sourire. Va te reposer !
- Oh ! Et Ren, n'oublie pas d'aller voir Nana ! Ajouta Sora alors qu'elle commençait à s'en aller. Elle s'inquiète vraiment pour toi !
- T'en fais pas, je vais y aller ! Répondit-il.
- Bon, à tout à l'heure ! Je repasserai.

La jeune fille se rendit à l'endroit convenu. Elle avait besoin d'être tranquille pour décompresser face à la situation. Son esprit n'arrivait plus à supporter le chaos actuel. On ne connaissait même pas encore les noms de tous les morts que maintenant on fermait les portes et on ne laissait personne sortir. << Il se passe quelque chose, mais quoi ? >> se demanda Sora, épouvantée. Alors qu'elle allait s'asseoir sur le banc, elle remarqua qu'une silhouette familière s'y était déjà installée.

- ...Jin ? Fit-elle, hésitante.

Le garçon tourna faiblement la tête vers Sora.

- Hum ? Oh... pourquoi t'es là, toi ?

Les pigments de sa peau s'étaient chargés teintes bleutées, et son regard vitreux et rougeâtre criait une tristesse presque contagieuse. Sora fit mine de ne pas le remarquer, sachant son binôme trop fier pour admettre qu'il puisse faiblir, et préféra répondre à sa question de la manière la plus simple qu'il soit.

- Je viens souvent ici, tu sais, dit-elle en s'asseyant à côté de lui.
- Je vois, répondit-il froidement.

Déconcertée par le ton inexpressif de Jin, la jeune fille se tût. Il y eu un moment de silence pendant quelques secondes, avant que Sora ne décide de repasser à l'attaque.

- Je suis rassurée de voir que tu es vivant ! Déclara t-elle d'un ton chaleureux. Je me serais presque inquiétée, ironisa t-elle.

Ne semblant pas l'écouter, le garçon ne répondit qu'après une pause de quelques secondes.

- Je vois... ici, c'est un bon endroit pour réfléchir, hein ?
- Et bien... en fait, c'est assez déserté, donc, je pense que oui, lui répondit-elle en essayant de masquer que le fait qu'il ne l'écoute pas la vexe légèrement.
- Hum... Tu vois, la différence c'est que moi je viens vraiment pour réfléchir, alors que toi c'est juste parce que t'as pas d'amis à aller dans la cour principale, fit-il avec un léger sourire.
- Hey ! Je te permets pas de me dire ça ! Rétorqua-t-elle, indignée et à la fois surprise de voir un peu de lumière dans l'expression de son binôme.
- Aish... Je dis ce que je veux, soupira le garçon en s'ébouriffant les cheveux.

Puis le silence s'installa à nouveau. Sora pu apercevoir les traits de Jin reprendre leur forme abattue. Même après une semaine entière passée avec lui, elle ne l'avait jamais vu comme ça. Elle l'observa attentivement, comme pour capter ses pensées. Elle le connaissait sous l'image d'un garçon joueur, trop fier de lui, voir insupportable et plutôt insouciant, toujours son grand sourire effronté collé au visage. Une telle mine sérieuse ne lui correspondait vraiment pas.

- Je peux savoir ce qu'il se passe ? demanda t-elle. C'est à cause des événements qui se sont déroulés aujourd'hui ?
- Il ne se passe rien, répliqua t-il du tac au tac.
- T'as une tête de cadavre, dit-elle d'un air grave.

Il la toisa d'un air furieux et elle se ravisa. Elle s'en voulu légèrement. Evidemment qu'il allait mal, il venait d'échapper à une bombe et, quelques heures plus tard, on l'enfermait.

- Oui, enfin, en y réfléchissant, c'est plutôt logique que tu ne sois pas en forme... fit-elle d'un ton gêné.

Jin soupira longuement puis pris la parole d'une manière robotique, sans laisser transparaître aucune émotion.

- Tu sais, Kolg, l'ami dont je t'avais parlé et tout ça...
- Oui, je vois de qui tu parles.
- Il est mort.

Le sang de Sora ne fit qu'un tour. Elle ne connaissait pas ce garçon et ne l'avait vu qu'une seule fois de toute sa vie, mais cette funeste nouvelle lui rappelait brusquement que des personnes étaient réellement mortes. La réalité était aussi dure qu'on la décrivait. Elle continuait de vivre et s'inquiéter de qand elle pourrait rentrer chez elle, mais des gens dont elle avait sûrement croisé la route dans les couloirs étaient à présent enfouis sous les décombres de l'immense tour. Ce matin Kolg vivait, plaisantait avec son groupe d'amis turbulents, et maintenant il était mort. Pour de bon.

- ...Je... je sais pas vraiment quoi répondre, fit-elle, hésitante. Désolée...
- J'ai eu de la chance, expliqua le garçon dans un rictus figé. La bombe a sûrement été programmée pour exploser au moment où il y aurait le plus de candidats arrivés vers l'endroit précis de la tour où elle a été posée, vu que c'est ce qu'elle a fait... Ton avion était tellement nul et lent que j'étais exactement à l'opposé.

Il ferma les yeux, comme pour se remémorer la scène puis poursuivit :

- Il a fallut que j'évite les morceaux de la tour qui s'effondrait, mais si j'avais été à la même vitesse que les autres, j'aurais eu beaucoup moins de chances de survivre. Dans un sens, je peux te remercier, toi et ta débilité.

La jeune fille tenta de sourire légèrement.

- Kolg n'aura pas eu cette chance... continua le garçon. Je l'ai vu de mes propres yeux. J'étais entrain de sauver ma vie en naviguant entre les lambeaux de la tour quand j'ai reconnu son avion. Il faisait n'importe quoi, il allait dans tout les sens. Puis ensuite j'ai vu un gros morceau du haut de la tour s'écraser directement sur son avion. Alors j'ai hurlé et j'ai faillit paniquer, mais j'ai je me suis vite repris pour réussir à survivre.

Sora hésita un moment avant de répondre.

- Je me demande combien de personnes sont mortes là-bas... dit-elle en fixant le sol.
- Trop.
- D'après toi... c'est qui, qui a fait ça ?
- L'armée ennemie ? C'est ce qu'il me paraît le plus logique.
- Je vais avoir l'air pénible, mais à chaque fois qu'on revient à ça, je peux pas m'empêcher de me demander qui est cette armée ennemie, soupira t-elle. On nous éduque pas de manière à être curieux.
- Je confirme, tu es pénible. Personne ne se pose de questions, arrête de te prendre la tête avec des trucs pareils ! L'ennemi c'est l'ennemi.
- Ca me tracasse, j'y peux rien ! S'exclama t-elle. Surtout dans une telle situation. Et puis même toi, là, t'as pas envie de savoir qui sont les responsables de la mort de ton ami ? Et puis, surtout, où t'iras l'an prochain ?
- On est tous dans le même pétrin, on attend de voir.
- Ca m'énerve.
- C'est comme ça, soupira t-il. En attendant, ça doit être l'heure de la sortie des cours, et avec tout ce qu'on a vécu, j'ai envie de rentrer chez moi. Et surtout passer voir la famille de Kolg pour les soutenir.

Jin se leva et s'étira.

- Rentrer chez toi ? Demanda Sora, interloquée. Mais t'es pas encore au courant ?
- Hein ? De quoi ? Je suis ici depuis pas mal de temps, je te rappelle.
- Et bien figure toi que les portes de l'école sont fermées, on est bloqués ici.
- Quoi ?! S'exclama le garçon, médusé. Tu te fous de moi, Sans-cerveau ? Pourquoi on ferait ça ? C'est ridicule, comme blague.
- Personne ne sait, mais je raconte pas de connerie, je suis sérieuse ! Répliqua t-elle, agacée.
- Mais c'est pas possible, je veux sortir d'ici ! S’énerva le garçon.
- Et tu vas faire quoi ? Essayer de défoncer la porte avec la force incroyable dont tu te ventes tant ? Je doute que ton mécontentement fasse quoique ce soit, même si tu fais un gros caprice, ironisa Sora.
- Aish... soupira Jin en passant une main dans ses cheveux de manière colérique. Pourquoi on nous fait ça ?! J'en ai ma claque ! Je retourne à la cour principale.
- Attend ! L'interrompit Sora. Je t'accompagne ! Je vais retourner voir mes amis.
- Des amis ? Toi ? Se moqua Jin.
- Rah ! Comment tu peux arriver à être aussi pénible même dans un moment pareil ?! Ragea la jeune fille.
- Tu l'es autant que moi, déclara t-il en se mettant en route.
- Moi ?! C'est la meilleure ! Rétorqua t-elle en le suivant. J'ai rien fait, moi ! C'est toi qui arrête pas de me chercher depuis une semaine !
- En même temps ça me saoule, comment tu veux que je sois pas chiant alors que je tombe avec une débile de D3 ?!
- Je suis pas débile.
- T'es débile. Doublée d'une gamine bizarre sans ami et complètement inutile.
- Tu es détestable, Jin Yiran, répondit-elle sèchement en croisant les bras.
- Ah bon ? Demanda-t-il d'un air léger. C'est pas mon problème, tu penses ce que tu veux. Tout le mode s'en fout.

Ils arrivèrent dans la cour principale, où l'ambiance chaotique restait inchangée. Ils eurent l'occasion de remarquer qu'étrangement, la quasi totalité des élèves étaient focalisés sur leurs écrans de téléphones portables. Sora et Jin, malgré leur différent, ne purent s'empêcher d'échanger un regard interrogatif. La jeune fille se mit en quête de chercher son amie rousse du regard, qui saurait certainement lui donner des explications, mais cette dernière vint à sa rencontre avant qu'elle n'ait le temps de la trouver.

- Sora ! Tu es là ! S'exclama t-elle. J'étais sur le point d'aller te chercher !
- Ah, Runa ! Qu'est-ce qu'il se passe, ici ? Pourquoi tous les gens sont soudainement tous passionnés par leurs téléphones ?
- A cause des informations ! Regardez l'article qui a été mis en ligne !

Elle leur passa son téléphone pour qu'ils puissent lire. C'était un article qui avait été mit en ligne sur un site relayeur d'actualités connu de tous. Dans les premières lignes, on pouvait lire : << Aujourd'hui, l'armée ennemi a profité de l'examen commun pour nous produire un bien triste spectacle. En effet, dans toutes les écoles qui faisaient passer cet examen, des bombes ont explosé, provoquant en tout plusieurs milliers de blessés et des centaines de morts >>. Leurs cœurs bondirent. Leur école n'avait pas été la seule cible touchées. Tout les établissements où l'examen commun avait eu lieu avaient été victimes d'attentats. Sora ne pu s'empêcher de penser que << encore une fois, on nous explique rien, on médiatise juste l'événement sans profondeur >>, toute fois elle passa outre, le sentiment de choc écrasant tout les autres. Il y en avait eu, des attentats, ces dernières années. Des dizaines. Mais un énorme coup groupé comme celui-ci, c'était de la folie !

- Si je trouve le gars qui a manigancé tout ça, je le tue ! s'exclama Jin.
- J'en ai marre... fit Sora d'un air maladif. C'est pas pour nous, la guerre, on est trop jeunes. On devrait pas faire ça, je comprends pas...
- Sans-cerveau, reprend toi.

Soudain, on vit Roll, le petit gros de la D3, passer la porte de la cour principale en courant, le visage tordu par la peur. Il traversa toute la salle pour aller s'asseoir dans un coin isolé de la salle, en se recroquevillant sur lui même. Intriguées par l'attitude de leur camarade de classe, Runa et Sora décidèrent d'aller à sa rencontre. Jin leur emboîta le pas.

- Roll... tu vas bien ? demanda la rousse en s'accroupissant face à la lui.
- Runa... c'est toi... constata le garçon.
- Tu as l'air affolé, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
- Je... je traînais dans les couloirs, comme ça, tranquillement... A un moment, j'ai entendu des gars parler. Ils parlaient de trucs bizarres, alors, par réflexe, je me suis caché derrière un mur pour écoutaient ce qu'ils disaient... avoua t-il en passant une main derrière sa nuque, gêné. Vous allez dire de moi que je suis un fouineur, pas vrai ?
- On s'en fiche, répondit Runa. Ils disaient quoi ?
- Y'en avait un... il faisait un sorte de rapport. Ils parlaient de l'attentat. Le gars expliquait que de ce qu'il avait déduit, la bombe aurait été posée seulement ce matin. Ensuite, un autre a dit << qu'il fallait continuer les recherches >> .
- Tu as vu qui c'était ?
- Des soldats de notre armée ! J'ai reconnu les uniformes !
- Eh ? Y'a un des mecs de l'armée ici ? S'étonna Jin.
- C'est bizarre, aucun rumeur ne circule à ce sujet... songea Runa. Personne n'a dû les croiser à part toi, Roll...
- Ben je souhaite pas aux autres de les voir ! Ils m'on fait flipper ! En les entendant parler de tout ces trucs, j'ai paniqué et là ils m'ont chopé. L'un d'entre eux m'a pourchassé et m'a plaqué au sol !
- Vraiment ? Fit Runa l'air stupéfait.
- Ouais, vraiment ! Confirma Roll. Puis le gars qui était sur moi a dit un truc genre << c'est qu'un simple gamin >>. Et ils m'ont laissé filer. Mais j'ai vraiment eu peur, un des gars, celui qui commandait les autres, m'a dit que si il me revoyait dans les parages, il n'hésiterait pas à me flinguer !
- Un gars de NOTRE armée ? Demanda Jin d'un ton incrédule.
- Je vous promets que j'ai raison !
- C'est plutôt flippant... dit Runa en se relevant.

Sora allait soupirer lorsqu'une voix masculine les interrompit en criant presque :

- Jin !

Sora reconnu aussi tôt Mike, le garçon qui l'avait aimablement traiter de naine quelques heures pluss tôt. Il ne semblait pas être blessé, et se trouvait aux côtés d'un autre garçon, Avalto, qui lui avait un bandeau au visage et un plâtre à la jambe. Leurs mines maladives trahissaient leurs sentiments.
- Vous êtes passés à l'infirmerie ? Demanda Jin de la manière la plus neutre qui soit.

Les deux garçons hochèrent la tête.

- Vous savez que Yard est à l'hôpital ?

Ils répétèrent leur geste.

- Vous êtes au courant pour Kolg ?

Le menton de Mike trembla, alors qu'Avalto cacha son visage entre ses mains. Mike réussit à contenir ses larmes et répondit simplement << Oui >>. Jin soupira longuement en fermant les yeux avant de jeter rapidement un << Je dois y aller >>, et de partir en compagnie de ses amis. Sora et Runa les regardèrent s'en aller. Puis la rousse regarda son amie, un essai de sourire au visage.

- Je vais rester avec Roll, le temps qu'il se remette de ce qu'il a vécu. Retourne au distributeur pour te changer les idées. Lis un livre, dors, fais ce que tu veux, je reviendrais te chercher plus tard !

- Tu es vraiment gentille, Runa. On dirait que tu es la maman de tout le monde, dit Sora en souriant.
- Tu crois ? Demanda-t-elle l'air gêné. C'est gentil... Merci.

Sora lui sourit de plus belle et obéit aux conseils de son amie. Elle retourna vers le couloir ouvert où s'y trouvait le distributeur automatique et le banc où elle venait toujours s'installer. Elle s'y assit comme elle en avait l'habitude. Elle resta là, sans bouger. Le yeux braqués dans le vide, elle ruminait les événements de la journée. Elle se sentait chanceuse dans son malheur, car elle était ressortie indemne du chaos qu'avait créé la bombe, et elle n'avait perdu personne d'important à ses yeux. Elle repensa à Jin et ses amis, leurs traits anéantis. Elle se projeta le moment où les parents de Kolg apprendrait le décès de leur fils. Elle ferma les yeux, puis se rendit compte qu'elle avait soif, et se leva avant de se diriger face à distributeur. Elle introduit une pièce dans la fente prévue à cet effet et récupéra sa boisson. Elle passa la canette mouillée et fraîche sur son front, puis s'adossa contre le mur en soupirant. Elle ouvrit les canette et en but une gorgée en plissant les yeux, les bulles de gaz picotant sa langue. Elle réfléchit à ce que Roll avait raconté. Une petite poignée de soldats étaient en ce moment même en mission dans l'école où elle se trouvait enfermée. Elle trouvait ça effrayant et à la fois, étonnement, assez excitant. De plus, si ils étaient soldats, ils devaient tout savoir sur la guerre. Une fois de plus, elle s'interrogeait sur le monde. Pas seulement sur la guerre, mais aussi sur le passé. La période de glaciation, comment en étaient-ils arrivés là... Elle pensa à son grand frère, Nilo. Lui aussi, il devait tout savoir au sujet de la guerre. Elle alla s'allonger sur le banc et posa sa canette par terre. Elle se demanda si il respirait toujours à l'heure qu'il était. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues, alors elle ferma les yeux, comme pour les retenir. Elle renifla plusieurs fois, et passa une main sur son visage pour le sécher. Peu à peu, sans qu'elle ne s'en rende compte, le sommeil commença à l'envahir, et elle s'endormie.




***




Sora se réveilla quelques heures après s'être assoupie. Elle s'étirât longuement avant de reprendre totalement ses esprits. Lorsqu'elle tourna la tête, elle pu remarquer avec surprise que son binôme était une fois de plus assis à côté d'elle sur le banc près du distributeur.

Jin ?! s'étonna t-elle. Qu'est-ce que tu fais encore ici ?
Ah, enfin! C'est que j'ai attendu longtemps avant que tu ne te réveilles ! Tu m'expliques comment tu fais pour t'endormir n'importe où comme ça ?
Répond à ma question.
Et bien, en fait... j'avais un truc important à te dire, avoua le garçon.
Ah, vraiment ? interrogea t-elle avec un air intrigué.
Tu sais, j'ai pu parler à mes amis... je suis le seul à n'avoir rien eu. L'un d'entre eux a un bras et la jambe droite plâtrés, un autre a été transpercé par les morceaux de verre de son pare-brise, et un est toujours hospitalisé. Et puis, il y a Kolg...

Sora regarda le seul, ne sachant que répondre face à ça. Voyant que sa binôme ne disait rien, Jin poursuivit :

Enfin, Mike a rien eu lui non plus. Mais bon, ça compte pas, lui.
Pourquoi ? demanda Sora, interloquée
Il est en filière scientifique. Donc dans les gradins au moment de l'explosion.

Cette nouvelle étonna Sora, elle était pourtant sûre que tous les amis de Jin était en en combat.

- Quoiqu'il en soit, je suis vraiment désolée pour toi et tes amis, Jin. Tout ça a vraiment été très violent... Personne ne se doutait qu'une telle chose arriverait !

Il y eu un court moment de silence, pendant lequel Jin semblat perdu dans ses pensées. L'expression de son visage trahissaient à nouveau ses sentiments, il peinait à prendre sur lui. Toute fois, même si il voulut pleurer à ce moment, ses yeux rougis ne firent pas couler de larmes et ses joues restèrent sèches. Trop fier pour qu'il laisse Sora le voir faiblir de son plein grès, au moment où il reprit la parole, il ne ne la regarda même pas.

- Dis, tu sais, tu dis que tu aimerais découvrir la vérité...
- Oui ?
- Je me venger.
- Te venger ? demanda t-elle en plissant les yeux. Désolée, mais c'est pas un peu stupide ? Et c'est quoi le rapport ?
- Le rapport, c'est que je veux faire payer ses actes à l'armée ennemie. Mais surtout à celui qui a manigancé toute cette histoire. Si on arrive à connaitre la vérité, on saura qui c'est, n'est-ce pas ?
- C'est débile et puéril, Jin ! s'énerva Sora.
- Trouve ça puéril ou débile si tu veux, ce sera pas ton problème, ça. Je veux venger l'âme de Kolg et les blessures de mes amis. Toi tu veux connaitre la vérité. Rebellons nous ! Décelons tout les mystères !
- A deux ?! Mais t'es vraiment fou ! Tu veux te faire emprisonner ?!
- Tu commences à me connaitre, nan ? Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, personne ne m'aura ! s'exclama t-il avec un grand sourire.
- Je peux pas marcher dans un plan pareil.
- T'inquiète pas ! Si t'es avec moi, tu seras en sécurité aussi ! insista Jin.
- C'est du n'importe quoi ! J'arrive même pas à croire que tu sois sérieux ! J'hallucine !
- Je suis d'accord, dit une voix à l'arrière.

Ils sursautèrent tous les deux se retournèrent pour voir de qui il s'agissait. Sora pu tout de suite reconnaître son ami Ren. Jin était ami avec Ren, ils s'étaient rencontrés aux entraînements supplémentaires le soir. Il se demandait pourquoi il intervenait comme ça, dans une conversation qui ne le regardait apparemment pas.

- Ren ? T'es ici depuis longtemps ? demanda Sora.
- Assez pour entendre vos projets, avoua t-il. A la base, je venais pour prendre de tes nouvelles...
- Attendez, vous vous connaissez ? interrogea Jin le regard perturbé.
- P-... pas tant que ça, tu sais, hein... bafouilla t-il.
- Pas tant que ça ? Marmonna Sora, vexée.
- Vous pouvez pas faire ça ! s'exclama Ren. Vous allez vous tuer !
- Aish... pourquoi vous êtes tous si stressés ? râla Jin. C'est pas si dangereux que ça, enfin !
- Bien sûr que si c'est dangereux ! protesta t-il.
- C'est vrai, Jin, confirma Sora. C'est très dangereux. Si on commence à fouiner là où le gouvernement veut pas, on risque de se faire dégommer.
- On aura qu'à pas se faire remarquer, alors !
- Mais t'es complètement inconscient !
- Heeeeeey Sora ! s'exclama Runa en déboulant de le couloir.

Le trio la dévisagea.

- Oh ! Tu es venue me chercher, Runa... fit Sora l'air gêné.
- C'est qui, elle, déjà...? demanda Ren.
- Je suis la meilleure amie de Yim Sora, la fille assise sur le banc, juste là ! annonça t-elle fièrement.
- Sa quoi...? s'offusqua le garçon.
- Bref peu impoooorte ! Fit Runa légèrement.Venez voir ! Le principal va faire une annonce dans la cour principale ! Ils ont commencé à installer un micro et tout !
- Qu'est-ce que va bien pouvoir dire l'autre gros, à votre avis ? railla Jin.
- Personnellement, j'en sais rien, mais n'importe quelle information me fera du bien dans une telle situation, dit Sora.
- Bon, 'faudrait peut être se dépêcher mes petits ! Les pressa Runa en sautillant.

Tous se dirigèrent vers la cour principale. Comme prévu, le directeur s'y trouvait, attendant que les professeurs ne trouvent une prise pour brancher son micro. Ils finirent par en repérer une tout au fond de la pièce, cachée par un groupe d'élèves. Sora, Jin, Ren et Runa se dirigèrent vers un mur pour s'y adosser, pendant que le directeur testait le micro. Une fois certain que tout marchait parfaitement, il commença son annonce.

- Chers élèves, en tant que proviseur, je tiens à présenter mes plus plates excuses, ainsi que mes condoléances aux plus malchanceux de chacun de vous, et bien évidement à vos familles. Tout le corps enseignant et moi même ne pourrons jamais assez nous excuser pour ce qu'il vient d'arriver au seins de notre établissement. Si vous êtes présents en ce moment, c'est que vous n'avez rien ou juste des blessures superficielles. Nous sommes tous très heureux et rassurés de voir que vous allez bien. Je dois aussi vous informer quand aux portes fermées de l'école. En effet, pour des raisons de sécurité, vous ne pourrez rentrer chez vous seulement demain à midi. Vous passerez donc la nuit à l'école. Nous vous distribuerons de quoi dormir à peu près correctement, en espérant que toute cette situation s'arrangera rapidement. Sur ce, vous pouvez disposer.

L'homme conclut et s'en alla rapidement, laissant derrière lui un immense brouhaha d'élèves indignés.

- Il avait l'air tellement émotif, ironisa Ren.
- J'y crois pas ! Râla Jin. On va devoir dormir là ! C'est du n'importe quoi !
- C'était à prévoir, fit Sora.
- Aish ! J'en ai marre ! grogna t-il en s'ébouriffant.

L'ambiance chaotique ne semblait pas vouloir quitter la cour principale. On braillait de tout les côtés, le fait de devoir dormir à l'école n'enchantait personne. La proviseur adjointe, une vielle femme aigrie à la mine rigide, s’avança vers le micro pendant qu'une dizaine d'autres enseignants de filières diverses apportaient des brouettes de couvertures et d'oreillers. Tous les yeux se rivèrent vers eux, et les cris se transformèrent en murmures.

- Chers élèves... commença la proviseur adjoint. Comme vous ne serez aptes à rentrer chez vous que demain midi... nous avons essayé de vous trouver de quoi dormir le plus confortablement possible au seins de l'internat. Pour des raisons de sécurité, vous n'aurez pas le droit de vous installer ailleurs que dans là où nous nous trouvons, c'est à dire la cour principale. Vous vous mêtterez en rang, et nous distribuerons à chacun un couverture et un oreiller. S'il vous plaît, ne soyez pas égoïstes et ne prenez qu'une couverture et qu'un oreiller par personne. Nous espérons que vous passerez la meilleure nuit possible.

La femme se retira, et les plaintes fusèrent à nouveau.

- Quelle horreeeeur ! Se plaignit Runa. On va devoir dormir tous collés, en uniforme sans même pouvoir se brosser les deeents !
- Mais dites, ils nous ont pas fournis de repas ? remarqua Jin.
- Il faut croire que non, répondit Ren.
- Aish... Ca craint ! ragea le jeune homme.
- Je pense qu'on devrait aller faire la queue maintenant, y'a du monde et les premiers arrivés seront les premiers servis, conseilla Sora.

Les trois autres acqueiscèrent. Pour Sora, le fait de devoir dormir dans de telles conditions ne la dérangeait absolument pas, sa flemmardise immense lui avait apprit à s'endormir n'importe où et n'importe comment. Elle attendait dans la file, juste derrière Ren. Lorsque son tour arriva, on lui distribua une couverture et un oreiller, puis elle alla se trouver une place, juste à côté de Runa. Ren et Jin étaient repartis rejoindre leurs amis respectifs. Elle enleva ses chaussures puis s'assit sur la couverture en même temps qu'elle sortait son portable de la poche de son blaser. Elle sursauta lorsqu'elle se rendit compte face aux multiples appels manqués de sa mère, qu'elle avait oublié de prévenir cette dernière. Elle décida de lui envoyer un message où elle tentait de la rassurer du mieux qu'elle pouvait.

<< Salut Maman,
Ne t'inquiète pas, je vais bien. Les informations ont dû parler de la bombe qui a explosé aujourd'hui. Je n'ai pas été touchée. Je n'ai absolument rien. J'ai juste eu très peur au moment où j'ai vu la tour de contrôle dégringoler.
On est obligés de rester ici, je ne sais pas vraiment pourquoi. Enfin voilà, je vais passer la nuit à l'école, avec ma copine Runa. On sera autorisés à ressortir demain, à midi.
Encore une fois, ne t'en fais pas pour moi, je fais partie des personnes qui s'en sont le mieux sorties. >>

Elle éteignit son portable et s'alongea contre le sol dur et froid, espérant que son corps le réchauffe le plus vite possible. Elle resta les yeux ouverts, perdue dans ses pensées, elle avait du mal à se rendre compte de ce qu'elle était entrain de vivre. A côté, Runa lisait un magazine qu'elle avait sortit de son sac de cours.

- Bon ben... cette nuit va être rock n' roll, fit la rousse en refermant sa revue.
- Ren est partit voir ses autres amis ? demanda la jeune fille, même si elle connaissait déjà la réponse.
- Ouais ! Il nous a vraiment snobé, il a fait comme si il nous connaissait pas !
- Il est pas si méchant, tu sais... dit Sora avec un léger sourire.
- Ouais, m'enfin...
- Et Jin ?
- Je suis au rang juste derrière vous ! annonça le garçon en faisant sursauter Sora.
- E-EH ! Tu m'as fait peur !
- Regarde ! Fit-il fièrement. Comme ça je peux surveiller Avalto et Mike, et toi aussi !
- Me... surveiller ?
- Franchement, mec, j'pense pas avoir besoin que tu me surveilles, lâcha Mike.
- On est grands, tu sais, renchérit Avalto.
- Rah ! La ferme, vous deux ! ragea Jin en enfonçant sa tête dans son oreiller.
- TAISEZ VOOOUS ! hurla monsieur Elbarto -le professeur de combat auquel Sora avait eu affaire lors de son rendez-vous- dans un mégaphone, interrompant toutes les conversations en court. Maintenant que vous avez tous ce qu'il vous faut, on éteint les lumières. ET VOUS AVEZ INTÉRÊT A PIONCER !

Impressionnés par l'autorité de l'homme, tous les élèves se turent qu'un coup. Aucun n'osa protester. Aussi, au moment où les lumières de la cour principale furent éteintes, tous tentèrent de trouver le sommeil tant bien que mal. Toute fois, malgré les conditions auxquelles ils faisaient face, les événements du jour avaient été tellement éprouvants qu'il ne fallut pas longtemps à la plupart pour s'endormir.




***




- Sora... Sora...

La jeune fille se réveilla doucement. Il faisait encore complètement nuit, et Jin lui fit signe de se taire directement dès qu'elle eu les yeux ouverts. Elle bailla longuement et se frotta les yeux. Elle se demandait pourquoi il la réveillait à une telle heure, et le regarda d'un air d'incompréhension.

Tu te souviens de ce que je t'ai dit cet après midi ? Par rapport au fait que je veux me venger, chuchota t-il.
Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me parles de ça maintenant ?
On commence tout de suite.
Hein ? On commence quoi ?
T'inquiète pas, j'ai un plan ! On va aller explorer un peu l'école !




Note de fin: Alors voilà, je m'attendais à ce que l'histoire démarre un peu plus que ça avec le deuxième chapitre... Mais à croire que y'a trop de choses à écrire, bcoz, je suis un peu déçue, vu que ça traine encore ! Ca sera sûrement mieux dans le troisième chapitre. *comment s'excuser de ces deux premiers chapitres nazes*
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